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Au Mali, des groupes armés du nord disent se préparer aux hostilités


MALI-CONFLICT-UNREST
MALI-CONFLICT-UNREST

Des groupes armés signataires d'un important accord de paix dans le nord du Mali ont déclaré dimanche se préparer à se défendre militairement contre la junte au pouvoir à Bamako, qu'ils accusent de violer les engagements sécuritaires mutuels.

Le Cadre stratégique permanent (CSP) qui réunit ces groupes a appelé dans un communiqué les civils à s'éloigner des installations et des lieux d'activités militaires.

Ce communiqué est publié au lendemain de ce que la junte a appelé un "incident" et qui fait plus que jamais redouter la réouverture du front entre l'armée malienne et les groupes armés à dominante touareg qui ont combattu l'Etat central à partir de 2012 avant d'accepter un cessez-le-feu en 2014 et de signer en 2015 l'accord de paix dit d'Alger.

La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), qui fait partie du CSP, a affirmé samedi soir avoir abattu un avion de l'armée malienne après un bombardement sur ses positions dans la région de Gao.

La mise hors de combat d'un avion de l'armée malienne par les groupes armés du nord serait un acte inédit au cours des dernières années. L'armée malienne a parlé "d'incident" concernant un de ses appareils, sans plus de détails.

Le Cadre stratégique permanent a dénoncé dans un communiqué une série de violations ces dernières semaines par la junte du cessez-le-feu de 2014 et de l'accord de paix de 2015.

Il dénonce la "stratégie actuelle (de rupture du) cessez-le-feu" de la junte.

Il "déclare adopter dorénavant toutes mesures de légitime défense contre les forces de cette junte partout sur l'ensemble du territoire de l'Azawad", le nord du Mali, objet d'anciennes revendications indépendantistes touareg.

Le CSP invoque la nouvelle donne créée par le retrait en cours de la mission de l'ONU déployée au Mali depuis 2013 et poussée vers la sortie par la junte en 2023.

La junte "prétexte la décision de retrait de la mission onusienne" pour réoccuper des zones dont le contrôle devrait revenir aux groupes armés en vertu des arrangements de 2014 et 2015, accuse le CSP.

- Tension depuis des mois -

La tension ne cesse de monter entre les groupes armés du nord et l'Etat central depuis des mois. Elle a été accentuée ces dernières semaines avec le début du retrait de la mission de l'ONU et le transfert de ses camps aux autorités maliennes.

Le transfert du camp de Ber mi-août a donné lieu à des combats entre soldats et jihadistes, mais aussi à des accrochages entre armée et CMA.

Le CSP assure que le transfert et la prise de la localité de Ber par l'armée malienne et les hommes du groupe paramilitaire russe Wagner ont été accompagnés d'un "lot de violations, de saccages, d'arrestations arbitraires, d'exécutions sommaires perpétrées sur des civils".

Après avoir poussé au départ la force antijihadiste française, la junte au pouvoir à Bamako est considérée par beaucoup comme s'étant assuré les services de Wagner, malgré ses démentis.

Le CSP qualifie Wagner d'organisation "terroriste".

Le CSP a été créé en mai 2021 par les principaux groupes armés du nord, notamment ceux de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rebelles) et de la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d'Alger (communément appelée Plateforme, loyalistes).

Ces groupes qui exercent un large contrôle dans le nord ont signé en 2015 avec le gouvernement malien l'accord dit d'Alger, aujourd'hui largement considéré comme moribond.

Les jihadistes, qui avaient d'abord combattu les forces maliennes avec les rebelles touareg et arabes avant de se retourner contre eux, ne sont pas concernés par l'accord d'Alger, et ont depuis étendu leurs agissements au centre du pays et au Burkina Faso et Niger voisins sous la bannière d'Al-Qaïda ou de l'organisation Etat islamique. Eux aussi contrôlent de vastes étendues dans le nord.

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