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Des écologistes togolais déplorent l'absence de stratégie pour la gestion des masques usés


Masque dans une rue à Lomé, 25 juillet 2020. (VOA/Kayi Lawson)
Masque dans une rue à Lomé, 25 juillet 2020. (VOA/Kayi Lawson)

La gestion des masques usés devient de plus en plus délicate au Togo, d’autant plus qu’ils sont considérés par la population comme des déchets ordinaires.

Depuis le 9 juin, le Togo a rendu obligatoire le port systématique du masque dans les espaces publics. Mais pour le moment, aucune stratégie n’est mise en œuvre pour la gestion de ces masques après leur utilisation.

Dans la capitale togolaise, Lomé, pullulent désormais de nouveaux types de déchets: les masques de protection. Accessoires prisés en ces temps de crise due à la pandémie du nouveau coronavirus, ils contribuent à la pollution de l’environnement. Ils jonchent les rues et les caniveaux à ciel ouvert de la ville.

"Nous avons remarqué que beaucoup de Togolais, après avoir utilisé les masques, les jettent dans les rues", constate avec amertume Félix Tagba, Président de l’association de protection de l’environnement, EcoJogging. "Comme les sachets plastiques, ces masques peuvent faire plus de 400 ans dans la nature avant de se dégrader", souligne​ l'écologiste.

Les masques qui ne sont pas jetés dans les rues se retrouvent dans les poubelles et sont acheminés vers les décharges publiques ou les centres de gestion de déchets. Là aussi, en plus d’un déficit de protocole de recyclage, les masques usés deviennent un danger potentiel pour le personnel de ces centres.

"C’est un déchet très dangereux pour nous parce que d’abord nous n’avons pas de possibilités d’analyse de ces masques-là, pour voir s’ils sont infectés ou non", explique Gado Bemah, directeur exécutif de l’ONG STADD, Science et technologie appliquées pour un développement durable, qui dispose d’une unité de gestion et de recyclage des déchets.

Ces masques, faits avec du polypropylène, sont considérés comme du plastique et nécessitent une gestion adéquate, souligne l'expert.

Les centres de gestions des déchets se retrouvent impuissants face à ces déchets hors du commun.

"La précaution, c’est l’utilisation systématique des gants, des masques et des bottes, pour pouvoir protéger nos équipes. Donc quand les déchets arrivent, nos agents sont suffisamment équipés pour pouvoir manipuler les déchets en toute tranquillité. Et après, ils ont des désinfectants pour éviter la contamination", soutient M. Bemah, qui se réjouit que depuis le premier cas de Covid-19 en mars au Togo, aucun de ses agents n’a été contaminé.

Par ailleurs, il a fait savoir que l’ONG STADD accompagne aussi les populations dans la gestion de ces déchets délicats. "Nous essayons de faire des sensibilisations pour inviter les gens à mieux gérer ces déchets particuliers en les détruisant par incinération à la maison", a-t-il ajouté.

Et le mouvement EcoJogging s'est aussi lancé dans la sensibilisation par la mise en oeuvre d'une campagne de gestion des masques après usage sur les réseaux sociaux. La campagne est dénommée #BeatMaskPollution.

Félix Tagba, président de l’Association EcoJogging, Lomé, 02 mars 2019. (VOA/Kayi Lawson)
Félix Tagba, président de l’Association EcoJogging, Lomé, 02 mars 2019. (VOA/Kayi Lawson)

"La campagne consistait à faire une vidéo et à sensibiliser les populations à ne plus jeter les masques dans les rues", a indiqué Félix Tagba, responsable de cette association environnementale, soulignant que cette campagne leur a permis de cerner la perception des populations togolaises par rapport à l’impact environnemental de ces masques.

"Nous avons remarqué en fait, que certaines populations ne savent pas que les masques qu’on jette dans la nature ont des conséquences sur notre environnement", a révélé M. Tagba.

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