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Au Gabon, un "appel à agir" contre l'"imposture" Bongo fait réagir


Des gendarmes gabonais patrouillent sur la place de la démocratie à Libreville le 7 janvier 2018, après une tentative de coup d'état.
Des gendarmes gabonais patrouillent sur la place de la démocratie à Libreville le 7 janvier 2018, après une tentative de coup d'état.

Depuis deux semaines, un collectif défraie la chronique gabonaise après avoir lancé un ultimatum à Libreville pour reconnaître la vacance du pouvoir en l'absence du président Ali Bongo Ondimba, hors du pays depuis octobre.

"Dimanche 31 mars, si rien n'est entrepris pour mettre un terme (...) nous devrons agir (...) pacifiquement pour exiger que soit mis fin à l'imposture en cours", ont écrit fin février neuf personnalités politiques, syndicales et de la société civile, rejointes dimanche par l'opposant Jean Ping.

L'"imposture" qu'ils dénoncent est l'absence de son pays du président Bongo, en convalescence au Maroc après un AVC survenu à Ryad le 24 octobre: les signataires estiment qu'il est temps de reconnaitre une impossibilité d'Ali à présider.

Dans ce petit pays d'Afrique centrale de moins de deux millions d'habitants, ce n'est pas tant cet appel -auquel les chefs des principaux partis d'opposition n'ont dans un premier temps pas pris part- que la réaction des autorités qui a marqué les esprits.

Et pour cause: si la communication officielle était depuis l'AVC du président mutique voire inexistante, Libreville a largement réagi à cet "appel à agir".

Le gouvernement a estimé que "certains de nos compatriotes" appellent à "la désobéissance et à la rébellion".

"Toutes nouvelles dérives de cette nature exposeront leurs auteurs aux poursuites judiciaires prévues en la matière pour que force reste à la loi", a-t-il menacé dans un communiqué.

A sa suite, le porte-parole de la présidence et le Premier ministre ont aussi communiqué, en assénant que le président Bongo allait bien.

"S'il y a pu y avoir en fin d'année dernière des inquiétudes de certains quant au déroulement de notre vie institutionnelle, celles-ci ont depuis été levées", a indiqué en conférence de presse Ike Ngouoni, porte-parole d'Ali Bongo, répétant le même credo depuis plus de trois mois.

Et comme s'il était utile de le préciser, M. Ngouni a tenu à souligner qu'il n'y avait pas de "sosie" du président, comme l'a affirmé un ancien ministre récemment étayant la thèse complotiste de la mort d'Ali Bongo.

- Guerre des clans -

"Gabon: qui gouverne vraiment?", a titré en début de semaine l'hebdomadaire Jeune Afrique, ajoutant des questions aux questions et enquêtant sur l'emprise du directeur de cabinet du président, Brice Laccruche Alihanga que certains disent être aux commandes.

Cette question est sur toutes les lèvres, avec un air de déjà-vu tant les débats sur la santé d'Ali et sur la nécessité de déclarer ou non une vacance du pouvoir ont été nombreux.

Début janvier, une tentative de putsch a tenu Libreville en haleine le temps d'une matinée, une poignée de militaires ayant pris la radio nationale pour réclamer la vacance. Les forces de sécurité ont rapidement pris le dessus.

En parallèle, dans les salons feutrés des institutions gabonaises, une guerre des clans fait rage, dont M. Laccruche serait un des acteurs principaux.

Le dernier fait en date? Une présumée interdiction d'accès aux domiciles du président à son demi-frère Frédéric, en charge des services de renseignement.

Une note de service a fuité sur les réseaux, mais n'a jamais été authentifiée par la présidence. Contactée par l'AFP, celle-ci n'a pas commenté, ni démenti.

"C'est grave ce qu'il se passe là-haut, mais est-ce que ca nous concerne vraiment?", lâche Raymond, bagagiste à l'aéroport, exaspéré que la santé du président fasse en permanence la Une des journaux.

"Soit il va bien, il rentre et on n'en parle plus, soit il est en incapacité, on tranche et on fait des élections!", s'exclame-t-il.

Samedi, 41 petits partis d'opposition ont, eux aussi, dénoncé les "conséquences néfastes" de l'absence de Bongo et appelé le palais à organiser un dialogue national.

Du côté des autorités, on maintient que "tout va bien" et la vie politique locale poursuit son cours, calme et sans vague.

Lundi, le parti du pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG) a ainsi fêté en grande pompe ses 51 ans.

L'occasion pour le parti, en présence du Premier ministre, de dévoiler à la presse une compilation des discours d'Ali Bongo depuis son arrivée au pouvoir en 2009.

Car, même si Bongo n'est pas au Gabon, il reste "en pensée et en esprit" avec ses militants, selon le secrétaire général du PDG, Eric Dodo Bounguendza.

Avec AFP

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