Washington interdit les appareils électroniques sur des vols du Moyen-Orient

Un avion de la compagnie aérienne Saudi Airlines.

Les autorités américaines ont annoncé mardi l'interdiction d'ordinateurs portables et de tablettes en cabine sur tous les vols de neuf compagnies aériennes en provenance de huit pays du Moyen-Orient vers les Etats-Unis, invoquant un risque d'attentats "terroristes".

Sur son compte officiel Twitter, la compagnie Saudi Airlines prévient lundi que "les ordinateurs portables et les tablettes ne sont pas autorisés sur les vols vers les Etats-Unis".

"Les téléphones cellulaires et les appareils médicaux nécessaires pendant le vol sont exclus de cette interdiction", a dit de son côté la compagnie jordanienne Royal Jordanian dans un tweet à l'intention de ses clients diffusé lundi dans l'après-midi.

Le tweet a ensuite été effacé par la compagnie. Des médias américains ont expliqué que la nouvelle régulation, prise pour des questions de sécurité et de menaces d'attentats, devait rester pour l'instant confidentielle.

"Les appareils interdits, par exemple les ordinateurs portables, les tablettes, les appareils photo, les lecteurs de DVD et de jeux électroniques... etc., doivent être emportés dans des bagages enregistrés" donc placés dans la soute de l'avion, expliquait également la compagnie dans ce tweet.

Cette interdiction des appareils électroniques plus gros que les smartphones serait liée à une menace provenant du groupe Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), actif au Yemen, a affirmé la chaîne de télévision CNN, citant un responsable américain.

Renforcer les procédures de sécurité

"Sur la base de ces informations", le secrétaire à la Sécurité intérieure John Kelly a "décidé qu'il était nécessaire de renforcer les procédures de sécurité pour les passagers au départ direct de certains aéroports et à destination des Etats-Unis", a ajouté un autre responsable, sans dire de quels renseignements précis Washington disposait.

Ces mesures visent les vols opérés par des compagnies de huit pays, selon le journal Financial Times.

Ce seront au total une cinquantaine de vols quotidiens de neuf compagnies aériennes (Royal Jordanian, EgyptAir, Turkish Airlines, Saudi Airlines, Kuwait Airways, Royal Air Maroc, Qatar Airways, Emirates et Etihad Airways) qui seront affectés au départ de dix aéroports internationaux: Amman, Le Caire, Istanbul, Jeddah, Ryad, Koweït, Doha, Dubaï, Abou Dhabi et Casablanca.

Pays alliés des Etats-Unis

Huit pays sont donc concernés, tous alliés ou partenaires des Etats-Unis: la Jordanie, l'Egypte, la Turquie, l'Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, les Emirats arabes unis et le Maroc.

"Nous estimons que c'est la bonne chose à faire et aux bons endroits pour assurer la sécurité des voyageurs", a justifié un haut responsable officiel.

Il a invoqué "plusieurs incidents et attentats couronnés de succès contre des passagers et des aéroports ces dernières années", citant l'attaque revendiquée en février 2016 par les islamistes somaliens shebab affiliés à Al-Qaïda: un engin avait explosé à bord d'un Airbus A321 de Daallo Airlines, avec 74 passagers à bord, 15 minutes après le décollage de l'appareil de Mogadiscio, provoquant un trou d'un mètre de diamètre dans son fuselage et tuant le poseur présumé de la bombe.

Les responsables américains n'ont pas donné d'échéance à l'interdiction en cabine des appareils électroniques, mais ils ont prévenu: si les mesures ne sont pas mises en oeuvre, les compagnies aériennes pourraient perdre leurs droits de voler vers les Etats-Unis.

Ces mesures s'inscrivent dans un contexte de resserrement des contrôles aux frontières et plus généralement de la politique américaine en matière d'immigration depuis l'entrée en fonctions de Donald Trump.

Le président républicain essaie d'imposer une interdiction temporaire d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de six pays majoritairement musulmans ainsi qu'à tous les réfugiés. Cette interdiction est contenue dans un décret migratoire qui a été bloqué à deux reprises par des juges fédéraux américains.