RDC

Au moins 18 morts dont 12 rangers dans une attaque à l'intérieur du parc des Virunga

Le parc de Virunga Nord-Kivu, RDC, 11 mai 2018. (VOA/Charly Kasereka)

Au moins 18 personnes ont été tuées, dont 12 rangers venus en aide à des civils, vendredi dans une attaque perpétrée par un groupe armé à l'intérieur du parc national des Virunga, joyau naturel et touristique dans l'est de la République démocratique du Congo.

Outre les douze rangers, leurs deux chauffeurs et quatre civils ont péri dans cette attaque non-revendiquée au nord de Goma, a indiqué un porte-parole du parc à un journaliste de l'AFP.

Une source sécuritaire a avancé de son côté un bilan faisant état de 13 éco-gardes et cinq civils tués.

Il y a également eu des "blessés dont certains luttent pour leur survie", a indiqué le parc dans un communiqué, évoquant une journée à marquer d'une "pierre noire" pour ce site classé au patrimoine mondial par l'Unesco et "les habitants des communautés riveraines".

C'est l'une des plus lourdes attaques visant les quelque 700 rangers des Virunga, dont 176 ont été tués en 20 ans, dans cette région du Kivu déstabilisée par la violence des groupes armés depuis un quart de siècle.

Dans son communiqué, le parc affirme que l'attaque a été menée près de son quartier général à Rumangabo, dans les montagnes du territoire du Rutshuru.

"Toutes les informations disponibles à ce stade indiquent qu'il s'agissait d'une attaque contre des civils. Les gardes n'étaient pas la cible et sont décédés en portant assistance au véhicule civil qui avait été pris sous le feu des assaillants", détaille le communiqué.

Le parc des Virunga assure qu'il "n'est pas en mesure de fournir des détails sur les motivations et l'identité des auteurs de l'attaque", et met en garde contre "la propagation de rumeurs et d'informations non-vérifiées".

D'une superficie de 7.769 km2, les Virunga couvrent une partie de la province du Nord-Kivu (près de 60.000 km2), surtout le long de la frontière avec le Rwanda et l'Ouganda.

- Groupes armés actifs -

Plus ancienne réserve naturelle d'Afrique inagurée en 1925, le parc est un sanctuaire des gorilles de montagnes.

Les grands singes sont l'une de ses attractions touristiques, avec la spectaculaire ascension du volcan Nyiaragongo, et un bivouac nocture à la lueur rouge de son cratère en activité à plus de 3.000 m d'altitude.

Mais le parc est aussi le terrain d'action de dizaines de groupes armés actifs dans la région, comme les rebelles hutus rwandais du FDLR, très présent dans la zone de l'attaque.

Institut de tutelle des Virunga, l'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) a recensé toutes les menaces pèsant sur son joyau naturel: "production illégale de charbon de bois", "braconnage des grands mammifères, notamment l'hippopotame", "pêche clandestine" ainsi que la "présence des groupes armés" et l'"envahissement par des creuseurs clandestins des minerais".

En mai 2018, le parc des Virunga avait suspendu son activité touristique, à la suite de l'enlèvement de deux touristes britanniques, finalement libérés. Une éco-garde avait été tuée dans cette attaque.

Le parc avait rouvert son activité aux touristes en février 2019.

En 2014, le directeur du parc, Emmanuel de Mérode, avait été blessé dans une attaque armée.

Cette même année, le parc avait encore gagné en notoriété dans le monde avec le documentaire Virunga produit en 2014 par l'acteur américain Leonardo Di Caprio.

L'entreprise des Virunga s'est aussi lancée dans la construction de centrales hydro-électriques, pour la production et la distribution d'électricité à Goma et sa région.

Les visites étaient suspendues depuis le 19 mars dans le cadre des mesures de prévention prises par les autorités face à l'épidémie de coronavirus.

"Toutefois, le personnel et les équipes techniques sont seuls habilités à circuler sur ces aires, tout en respectant les mesures prônées par nos dirigeants", précisait l'organisme de tutelle du parc.