Pénible reprise au Venezuela, les Etats-Unis accentuent la pression

Le secrétaire d'Etat Mike Pompeo a également annoncé que tous les diplomates américains avaient maintenant quitté le Venezuela.

Les Etats-Unis ont accentué leur pression jeudi sur le régime de Nicolas Maduro au Venezuela, où la reprise de l'activité s'avère difficile après la panne de courant qui a paralysé le pays, y compris le secteur pétrolier.

L'électricité est revenue pratiquement partout, sauf dans quelques villes de l'ouest. Mais les principaux services, dont celui de l'eau et les transports publics, restent particulièrement perturbés, ainsi que l'accès à la nourriture.

Le gouvernement a cependant ordonné aux écoles de reprendre le travail vendredi après une semaine d'interruption, et seulement deux jours de classe après les congés du carnaval.

Selon l'association catholique pour l'éducation Fe y Alegria, près d'un tiers des enfants vénézuéliens ne vont plus à l'école, faute d'instituteurs, de transports ou parce qu'ils ont faim.

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Pour accélérer le changement de régime qu'il souhaite, Washington a ajouté 340 noms à la liste des proches du président socialiste. Cela porte à 600 le nombre de Vénézuéliens privés de visa américain depuis la fin 2018, selon un porte-parole du Département d'Etat.

Le secrétaire d'Etat Mike Pompeo a également annoncé que tous les diplomates américains avaient maintenant quitté le Venezuela. L'administration américaine est "impatiente de revenir une fois que la transition démocratique aura commencé", a-t-il précisé.

Les Etats-Unis, avec une cinquantaine d'autres pays, ont apporté leur soutien à l'opposant Juan Guaido, président de l'Assemblée nationale qui s'est proclamé président par intérim en qualifiant M. Maduro "d'usurpateur".

Ce dernier s'est abstenu de convoquer une nouvelle marche à Caracas comme il l'avait fait à deux reprises en une semaine. Il a demandé à ses partisans de se rassembler samedi au niveau local pour continuer de préparer une marche vers Miraflores, le palais présidentiel.

"187! 187!" a chanté la foule: l'article 187 de la Constitution autorise l'Assemblée à faire appel à une "force militaire extérieure" en cas de menace grave.

A l'heure des bilans, la deuxième ville du pays et son coeur pétrolier, Maracaibo, apparait profondément meurtrie par les six jours d'obscurité qui ont favorisé des vagues de pillages et de saccages: la quasi-totalité des échoppes, des supermarchés et des sites industriels - plus de 500 selon les professionnels - ont été dévastés.

Des hordes munies de bâtons et de pierres ont cassé les vitrines et forcé les portes. "Pas un magasin n'a échappé au pillage", a affirmé Angel Chirinos, un commerçant de 38 ans, à l'AFP. L'armée s'est déployée avec des blindés pour protéger les derniers sites encore fournis.V

"Les gens ont faim. Mais pourquoi tout détruire?", s'interroge une employée de maison devant un entrepôt incendié.

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La Fédération des Chambres de commerce et associations industrielles (Fedecamaras) a alerté les autorités contre "le climat de violence et d'anarchie qui règne en plusieurs points du pays". Cette situation "se traduit par un niveau alarmant de pénuries", a-t-elle prévenu dans un communiqué.

Cette nouvelle crise risque de couter cher à toute une économie déjà à genoux.

Selon la commission des finances de l'Assemblée nationale, l'inflation qui a atteint près de 54% en février, et 2,3 millions pour cents sur l'année, et va certainement encore bondir en mars. Le FMI a projeté une hyperinflation de 10 millions de pour cent sur l'année.

Selon l'institut Ecoanalitica, les pertes dues à la panne s'élèvent au moins à "875 millions de dollars", a prévenu son directeur, Asdrubal Oliveros. Le secteur pétrolier, vital pour le pays, est également à l'arrêt et "perd 700.000 barils par jour", affirme-t-il.

Le gouvernement a annoncé en outre qu'une explosion avait visé mercredi soir un centre de stockage de brut de l'Etat d'Anzoategui (nord-est). Il a accusé le sénateur de Floride "Marco Rubio (...) et sa marionnette Juan Guaido" d'avoir commandité un attentat.

Le président Nicolas Maduro accuse les États-Unis d'avoir provoqué la panne électrique depuis le 7 mars, en organisant une "attaque cybernétique" contre la principale centrale du pays. Pour Juan Guaido, c'est la négligence et la corruption du gouvernement qui sont responsables de ce fiasco.

Pendant la panne, plus de 300 personnes ont été arrêtées dans le pays, officiellement accusées de protestation ou de pillages, a annoncé l'ONG de défense des droits humains Foro Penal.

"Depuis le 7 mars jusqu'à ce jour, nous avons compté 124 arrestations pour +protestation+ (...) et plus de 200 pour +pillages+", a indiqué le directeur de Foro Penal, Alfredo Romero.

"Le nombre total de prisonniers politiques dans le pays atteint désormais 911", a-t-il avancé. La liste de leurs noms a été communiquée à la Haute Commissaire de l'ONU chargée des droits de l'Homme, Michelle Bachelet, dont une mission technique se trouvait à Caracas.

Avec AFP