Le pape appelle les jeunes à "prendre des risques"

Le pape François lors de sa visite à la basilique Sainte Sophie, à Rome, le 28 janvier 2018.

Le pape François a a appelé lundi les jeunes à "prendre des risques" et à aider l'Eglise à se rajeunir, en recevant au Vatican quelque 300 jeunes avant l'ouverture d'un synode (assemblée d'évêques) qui doit leur être consacré en octobre.

"Soyez courageux tout au long de ces journées, dites-nous tout ce qui vous vient à l'esprit", a lancé le pape argentin, en recevant ces jeunes venus du monde entier pour un pré-synode prévu jusqu'à samedi au Vatican, en les appelant à "oser".

Le pape a souligné à quel point le monde avait besoin des jeunes, y compris l'Eglise, alors que souvent ils ne sont pas suffisamment pris en compte, voire maintenus dans l'exclusion.

"Nous avons besoin de prendre des risques, parce que l'amour sait prendre des risques. Sans prendre de risques un jeune vieillit, et l'Eglise avec lui", a encore lancé Jorge Bergoglio, 81 ans.

Voila pourquoi, a-t-il ajouté, "nous avons besoin de vous les jeunes, pierres vivantes d'une Eglise au visage jeune, mais pas +lifté+, pas rajeuni artificiellement". "Nous avons besoin de jeunes prophètes", a-t-il encore lancé.

Plusieurs invités ont témoigné de leur vie et posé des questions, en particulier une jeune Nigériane, victime de la traite des femmes.

Le pape, improvisant ses réponses, a durement condamné à cette occasion la prostitution. "La traite (des femmes) est un crime contre l'humanité. Mais se servir aussi de ces femmes est criminel", a-t-il lancé.

"Qui fréquente les prostituées est un criminel. Ce n'est pas faire l'amour, c'est torturer une femme, c'est criminel", a-t-il insisté, tout en relevant: "Ici, en Italie, nous devons avoir le courage de le dire, les clients sont à 90% des baptisés catholiques".

Jorge Bergoglio a également longuement évoqué le calvaire des jeunes femmes enlevées pour être réduites à la prostitution: "Celles qui résistent, nous l'avons entendu, sont torturées, parfois mutilées", a-t-il déploré.

Les jeunes du monde entier sont invités depuis des mois à donner leur avis via des réseaux sociaux dédiés, ou à répondre à un questionnaire de l'Eglise. Le pape s'est d'ailleurs dit frappé par l'appel lancé dans certains de ces mails par "plusieurs jeunes demandant aux adultes de leur être proches et de les aider dans les choix importants" de leur vie.

Dans un livre de conversations, "Dieu est jeune", à paraître mardi dans plusieurs pays, le pape François souligne également l'importance d'un dialogue entre générations, sans tomber dans le jeunisme."

"Il y a trop de parents qui sont des adolescents dans leur tête, qui jouent à la vie éphémère éternelle et qui, consciemment ou non, rendent leurs enfants victimes de ce jeu pervers", met-il ainsi en garde dans ce livre.

Lors de leur assemblée d'octobre, les évêques doivent débattre sur "les jeunes, la foi et le discernement vocationnel" et réfléchir aux moyens pour l'Eglise "d'accompagner les jeunes dans leur chemin existentiel vers la maturité".

Le synode examinera aussi la crise des vocations, alors que de moins en moins de jeunes se montrent intéressés par la prêtrise ou la vie religieuse.

En octobre 2014 et 2015, les deux précédents synodes, consacrés à la famille, avaient illustré les profondes divisions au sein de l'Eglise face aux évolutions sociétales.

Avec AFP