Modric, le magicien a fait disparaître les polémiques

Luka Modric en acton lors d'un match entre la Hongrie et la Croatie, Budapest, le 26 mars 2016

Le chevelu N.10 de la Croatie est un magicien balle au pied, unanimement salué pour la qualité de son football. Au point que Luka Modric, demi-finaliste du Mondial-2018 face à l'Angleterre mercredi, a relégué au second plan la part d'ombre du football croate : Zdravko Mamic.

Pendant quelques secondes, le silence fut à couper au couteau. Ce 11 juin 2018, Andrej Kramaric et Josip Pivaric étaient interrogés sur l'impact de l'affaire Mamic sur leur capitaine Luka Modric. Le responsable de la communication de la sélection, Tomislav Pacak, a mis fin au malaise en demandant des questions sur la Coupe du monde, un point c'est tout.

Kramaric a ensuite affirmé que "l'ambiance dans l'équipe est bonne" et que "le reste n'a absolument pas d'influence". Mais l'anecdote dit bien l'embarras certain qui entourait le milieu madrilène de bientôt 33 ans.

Car Modric risque théoriquement jusqu'à 5 ans de prison: en mars dernier, il a été inculpé par la justice de son pays pour faux témoignage présumé, en faveur de Zdravko Mamic, "parrain" du foot croate.

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Cet ancien dirigeant du Dinamo Zagreb, considéré depuis des années comme le véritable patron du football croate, a été condamné début juin à six ans et demi de prison au terme d'un procès pour corruption et pour des malversations lors de transferts de joueurs... dont Modric.

Est reproché au capitaine des "Vatreni" d'avoir expliqué devant la justice la signature d'un accord avec Mamic dès 2004, prévoyant qu'il lui verse la moitié des primes de transferts qu'il recevrait par la suite. Alors qu'il avait déclaré en 2015 que cette annexe avait été antidatée et signée alors qu'il évoluait déjà à Tottenham.

Ce changement de version avait valu au milieu aux 111 sélections (14 buts) les critiques d'une partie des supporters. "Luka, tu te souviendras de ce jour", est notamment tagué en juin 2017 sur l'entrée de l'hôtel de Zadar où sa famille a vécu comme réfugiée de guerre, relatait notamment le site spécialisé dans le football d'Europe de l'Est, Footballski.fr.

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"Connaissant Luka et son caractère (...) je suis convaincu qu'il assumera stoïquement tout cela et qu'il sera à son niveau quand cela sera nécessaire", a déclaré en mars son sélectionneur Zlatko Dalic.

Qui ne s'est pas trompé: depuis le début du Mondial, on ne voit que lui, ou presque. Joueur intelligent et lumineux, il est capable de changer le visage d'une rencontre par un centre, une passe ou un tir sortis de son chapeau.

Buteur face au Nigeria puis contre l'Argentine en phase de poules, il a encore été étincelant contre le Danemark - malgré un penalty raté avant la séance de tirs au but - et la Russie.

"Il a travaillé très bien et très dur pour être à ce niveau, c'est notre capitaine, notre leader et nous le suivons", a salué Mario Mandzukic lundi. "Et s'il gagne le Ballon d'Or, il l'aura mérité." Modric était d'ailleurs 5e de la dernière édition, remportée par son coéquipier portugais Cristiano Ronaldo.

"Moi je suis +amoureux+ de Modric, il joue avec une simplicité fantastique", expliquait à l'AFP Alen Boksic, avant le match contre la Russie. "Cela fait six, sept ans qu'il joue au plus haut niveau, c'est le moteur du Real Madrid."

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Avec le club Merengue, qu'il a rejoint en 2012 en provenance de Tottenham, moyennant une indemnité de transfert de plus de 40 millions d'euros, ce caractère tranquille a glané rien moins que 4 Ligues des champions lors des 5 dernières saisons, ce qui achève d'en faire l'un des meilleurs joueurs croates de tous les temps, aux côtés du redoutable Davor Suker, actuel président de la fédération.

Et une victoire mercredi, puis dimanche en finale, achèverait sans doute de faire oublier l'inculpation du N.10. En attendant la décision de la justice.

Avec AFP