Retraites: Macron dit entendre la "colère" des Français

Le président français Emmanuel Macron.

Le président Emmanuel Macron a assuré lundi "entendre" la colère des Français ayant manifesté contre la réforme de retraites, tout en défendant sa nécessité, dans une allocution visant à tenter de tourner la page de la contestation, mais étrillée par l'opposition.

"Personne ne peut rester sourd" à cette colère des manifestants, a-t-il dit dans une allocution solennelle, deux jours après la promulgation de cette réforme controversée qui prévoit notamment de repousser l'âge légal de la retraite de 62 à 64 ans. Le chef de l'Etat a regretté qu'un "consensus" n'ait "pas pu être trouvé" pour cette réforme qu'il a qualifiée de "nécessaire".

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M. Macron a annoncé vouloir "bâtir un nouveau pacte de la vie au travail" et a répété qu'il était prêt à recevoir les syndicats qui voudraient en discuter avec lui. Les négociations porteront sur la nécessité "d'améliorer les revenus" salariés, "faire progresser les carrières", "mieux partager les richesses", "améliorer les conditions de travail", "trouver des solutions à l'usure professionnelle" ou encore "aider à la reconversion".

L'intersydicale avait déjà annoncé en fin de semaine dernière qu'elle n'irait pas rencontrer l'exécutif avant les manifestations du 1er mai, qu'elle souhaite massives, car elle n'entend pas considérer que l'épisode de la réforme des retraites est terminé.

Depuis janvier, des centaines de milliers de Français ont défilé régulièrement contre le projet dans des manifestations parfois émaillées de violences, jusqu'à l'ultime épisode vendredi dernier avec la validation de l'essentiel de la réforme par le Conseil constitutionnel et sa promulgation au Journal officiel de samedi.

"La réponse ne peut être ni dans l'immobilisme, ni dans l'extrémisme", a ajouté le président français qui a annoncé vouloir s'attaquer à plusieurs autres dossiers pour améliorer la vie des Français: école, délinquance, engorgement des services d'urgences et fraude sociale.

"Nous avons devant nous 100 jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France", a clamé Emmanuel Macron, donnant rendez-vous "le 14 juillet prochain", jour de la fête nationale française, pour "faire un premier bilan". Les principaux chefs de l'opposition ont rapidement critiqué l'allocution du président.

La cheffe de file de l'extrême-droite Marine Le Pen a dénoncé une "pratique déconnectée, solitaire et obtuse du pouvoir", qui annonce selon elle "la poursuite d'un quinquennat de mépris, d'indifférence et de brutalité". "Par l'annonce du retrait de la réforme des retraites ou du référendum, Emmanuel Macron aurait pu ce soir retisser le lien avec les Français. Il a choisi de nouveau de leur tourner le dos" selon elle.

"Irréel Macron. Complètement hors de la réalité, assume le vol de deux ans de liberté. Les casseroles sonnent plus juste", a estimé le chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon en référence au bruit des casseroles entendu au moment de l'allocution, lors de rassemblements de manifestants déterminés à montrer qu'ils ne voulaient pas l'écouter.

Le chef de la droite traditionnelle, Eric Ciotti, dont la formation est incontournable pour le gouvernement qui ne bénéficie que d'une majorité relative à l'Assemblée nationale, a lui regretté un "catalogue de vœux pieux". "La méthode manifestement ne change pas avec des objectifs louables mais sans la moindre remise en cause", a-t-il dit.