Les USA enquêtent sur la mort du lion Cecil

Des manifestants campant jeudi avec affiches et haut-parleurs devant la maison de Walter James Palmer, dans une banlieue de Minneapolis.

Les autorités américaines de protection de la faune ont ouvert une enquête sur la mort du lion Cecil. Les responsables du 'U.S. Fish and Wildlife Service' ont demandé à Walter Palmer, le dentiste du Minnesota qui a tué le lion emblématique du Zimbabwe, de les contacter.

La Maison-Blanche a en outre indiqué qu'elle évaluait une pétition, signée par plus de 100 000 personnes, réclamant l'extradition du chasseur qui demeure introuvable.

Appels aux dons pour la protection de la vie sauvage ou à poursuivre en justice le chasseur américain responsable, la fureur mondiale déclenchée par la mort du célèbre lion Cecil début juillet au Zimbabwe restait encore bien vive jeudi.

Le lion mâle de 13 ans, attraction pour les visiteurs du parc national de Hwange au Zimbabwe et sujet d'une étude de l'université anglaise d'Oxford depuis 2008, a été tué par un dentiste américain et chasseur à l'arc de trophées animaliers prestigieux, le docteur Walter Palmer.

La célébrité du félin à l'inhabituelle crinière noire et les circonstances suspectes de sa traque ont déclenché une vague d'indignation mondiale, en particulier sur Twitter où les insultes avec le hashtag #WalterPalmer ne tarissaient pas.

L'animal a été repéré de nuit puis attiré avec une charogne hors du parc national, où il était protégé. Blessé par flèche, il n'aurait été achevé au fusil que 40 heures plus tard, puis dépecé et décapité.

De nombreux professionnels de safaris de chasse ont estimé très probable que cette traque ait été illégale. Outre la détention d'un permis, ces chasses doivent se dérouler de jour, dans des réserves privées et en présence d'un garde de parc national.

Selon eux, une chasse au lion coûte entre 60.000 et 120.000 dollars, avec un surcoût pour l'utilisation d'un arc qui est l'arme la plus prestigieuse en la matière.

C'est l'arme de prédilection du dentiste de 55 ans, dont le tableau de chasse compte 43 trophées d'exception (léopard, lion, rhinocéros, ours polaire, puma, bison, éléphant, cerf, etc), selon le site de l'organisation Safari club international.

Cette dernière a annoncé jeudi avoir révoqué "en urgence" l'adhésion de Palmer et de son guide "en attendant les conclusions d'une enquête", qu'elle a appelé de ses voeux.

C'est désormais chose faite: l'US Fish and Wildlife Service, agence gouvernementale chargée de la conservation et de la protection de la vie sauvage aux Etats-Unis, l'a annoncé sur son compte Twitter.

"Nous enquêtons sur la mort de #Cecilthelion. Nous irons où nous mènerons les faits. Nous demandons au docteur (Walter) Palmer ou à son représentant de contacter immédiatement l'USFWS", a-t-elle tweeté.

"Pourrir en enfer"

Le public, anonymes comme célébrités, appelait au lancement de poursuites en justice aux Etats-Unis. Une pétition demandant justice pour Cecil avait recueilli plus de 800.000 signatures.

A l'instar de l'association des vétérinaires américains ou de Betty McCollum, parlementaire de l'Etat du Minnesota. Elle a demandé à l'USFWS et au ministère de la Justice de vérifier "si la législation américaine a été violée en matière de conspiration, de corruption de responsables étrangers et de chasse illégale d'espèces ou d'animal protégés".

Après avoir été identifié comme étant le tueur de Cecil, M. Palmer a "regretté profondément que la poursuite d'une activité que j'aime et que je pratique de manière responsable ait conduit à la mort de ce lion", indiquant être à la disposition des autorités américaines et zimbabwéennes.

Il a rejeté la responsabilité sur ses guides locaux, tous deux inquiétés par la justice au Zimbabwe.

L'organisateur de safari de grande chasse Theo Bronkhorst a été inculpé mercredi pour ne "pas avoir empêché une chasse illégale". L'audience de Honest Ndlovu, propriétaire de la ferme où le cadavre de Cecil a été retrouvé, a été ajournée jeudi.

Le chasseur américain continuait de se terrer jeudi. Des dizaines de peluches de lions, tigres et singes ont été déposées devant son cabinet dentaire, fermé depuis plusieurs jours, ainsi que de nombreuses pancartes dont l'une l'invitait à "pourrir en enfer".

En 2008, il avait plaidé coupable après la mort d'un ours noir aux Etats-Unis. Il l'avait abattu à 65 km de la zone pour laquelle il avait un permis de chasse, et la carcasse y avait ensuite été déplacée.

Le scandale provoqué par la mort de Cecil a entraîné une énorme mobilisation avec des appels au dons et des campagnes pour la protection animale et pour l'unité de recherche d'Oxford qui suivait le lion avec un GPS et ne fonctionne que grâce aux dons.

Quelque 150.000 dollars auraient notamment été récoltés en moins de 24 heures après l'appel lancé par Jimmy Kimmel, célèbre animateur de la chaîne ABC.

Le professeur David MacDonald, fondateur et directeur de l'unité de recherche d'Oxford, ainsi que l'African wildlife foundation (AWF) basée au Kenya ou encore l'International fund for animal welfare (Massachusetts, nord-est) ont également reçu des centaines de messages de soutien et de dons.

Selon les organisations, la population de lions d'Afrique a diminué de 30% ces dernières années à environ 20.000.


VOA avec l'AFP