Les soldats ouest-africains déployés en Gambie pour préparer l'arrivée du nouveau président Barrow

Adama Barrow, candidat de la coalition d'opposition, donné vainqueur de la présidentielle du 1er décembre 2016, salue ses partisans dans le quartier de Talinding, lors de la campagne électorale dans la banlieue de Banjul, en Gambie, le 29 novembre 2016.

La mission militaire ouest-africaine s'est déployée dimanche en Gambie, y compris à Banjul, la capitale, pour "sécuriser" le pays avant l'arrivée du président élu Adama Barrow, qui succède à Yahya Jammeh parti en exil.

Après six semaines de crise politique, Yahya Jammeh, battu à l'élection présidentielle de décembre mais qui refusait de reconnaître sa défaite, est finalement parti sous la pression diplomatique et militaire, au terme de 22 ans de règne sur ce petit pays d'Afrique de l'Ouest.

Il a quitté samedi soir Banjul pour Malabo, via Conakry, selon des sources officielles guinéennes et la Cédéao, à bord d'un jet privé en compagnie du président guinéen Alpha Condé. Les autorités équato-guinéennes n'ont toutefois pas confirmé la présence de M. Jammeh sur leur sol.

Le déploiement des troupes de la la Micega, la mission de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays), était bien accueilli dimanche par les soldats gambiens et la population.

A Banjul, théâtre samedi soir de scènes de liesse après le départ de Yahya Jammeh, beaucoup de Gambiens affirmaient dimanche avoir retrouvé espoir et foi en leur pays, une ex-colonie britannique de moins de deux millions d'habitants.

"La démocratie est de retour, on ne peut pas arrêter le peuple", a dit Isatou Touray, une des responsables de la coalition pro-Barrow.

Sur sa page Facebook, un conseiller d'Adama Barrow, Mai Fatty, a parlé de "Jammexit".

"Je suis très heureux de ce jour où nous avons eu notre indépendance d'un dictateur terrible comme Yahya Jammeh", a dit à l'AFP Omar Mbenga, 42 ans, homme d'affaires.

Des troupes de la Micega avaient déjà pénétré en territoire gambien jeudi après-midi, mais avaient suspendu leur progression pour laisser agir la diplomatie, selon la Cédéao, qui comptait alors mobiliser jusqu'à 7.000 hommes.

L'opération militaire ouest-africaine vise à "contrôler des points stratégiques en vue de sécuriser les populations et faciliter la prise de fonction du président" Adama Barrow, selon le général François Ndiaye, commandant de la Micega. Elle durera jusqu'à ce "que les conditions de l'exercice effectif" du pouvoir de M. Barrow "soient réunies".

"Actuellement, des hommes sont à Banjul", a dit à l'AFP une source militaire de la Micega, sans plus de détails.

Vivats

Adama Barrow demeurait dimanche à Dakar, où il a prêté serment jeudi dans l'ambassade gambienne. Il souhaite "le plus rapidement possible pouvoir aller à Banjul", a fait savoir le président de la Commission de la Cédéao,Marcel Alain de Souza, lors d'une conférence de presse à Dakar samedi soir.

Dimanche soir, le commandement de la Micega a assuré que ses forces avaient traversé les principales localités sur leur chemin "en communion avec les populations et en liaison avec les forces" gambiennes.

A Farafegny, à la frontière sénégalaise, des soldats ont été reçus par des vivats de la part de militaires et civils gambiens, selon des journalistes de l'AFP.

Depuis l'éclatement, le 9 décembre, de la crise politique gambienne, de multiples initiatives avaient été prises pour que Jammeh cède la place. Les derniers efforts, menés vendredi par la Guinée et la Mauritanie (non membre de la Cédéao) ont abouti à son départ.

Dans une déclaration commune, la Cédéao, l'Union africaine (UA) et l'ONU ont annoncé garantir les droits de M. Jammeh, y compris à revenir dans son pays, saluant sa "bonne volonté" pour parvenir à un dénouement pacifique de la crise.

Dimanche, un haut responsable mauritanien a indiqué que Nouakchott a, en qualité de médiateur, dénoncé auprès de la Cédéao, de l'UA et de l'ONU l'entrée de "forces étrangères" en territoire gambien, considérant qu'il s'agit d'une "violation des termes de l'accord" ayant permis le départ en exil de M. Jammeh.

La Mauritanie "a été saisie" par des autorités gambiennes, notamment le président du Parlement et le secrétaire général de la présidence, selon ce responsable mauritanien.

Le principal parti de l'opposition de Guinée Equatoriale, la Convergence pour la démocratie sociale (CPDS), a dénoncé dans un communiqué la décision d'accueillir "l'ex-dictateur de Gambie".

Avec AFP