Les scientifiques se concertent à Yaoundé sur la lutte contre les maladies vectorielles

La moustiquaire Olysetplus exposée à la conférence internationale sur les maladies transmises par les moustiques à Yaoundé, le 23 septembre 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Plus de 300 scientifiques réunis à Yaoundé, pour renforcer les solutions africaines de lutte contre les maladies à transmission vectorielle -des maladies infectieuses transmises par des vecteurs, essentiellement insectes et acariens- qui continuent faire des ravages parmi la population.

Il est question de "partager les dernières recherches dans la lutte anti vectorielle, de développer des réseaux de collaboration entre chercheurs et de mobiliser des ressources financières par un plaidoyer dans la lutte contre les maladies transmises par les moustiques en Afrique", explique Antonio Nkondjio, président de la branche camerounaise de l’Association panafricaine de lutte contre les moustiques.

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300 scientifiques pour lutter contre les maladies à transmission vectorielle


Les dégâts des moustiques

Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), les maladies à transmission vectorielle sont responsables de plus de 17% des maladies infectieuses, provoquent plus d’un million de décès chaque année. Le paludisme entraîne plus de 400 000 décès par an dans le monde, la plupart étant des enfants de moins de cinq ans.

Professeur Rémy Mimpfoundi, distingué pour ses recherches sur les maladies vectorielles à Yaoundé, le 23 septembre 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)


Au Cameroun, "la situation est préoccupante, car le pays offre un environnement idéal pour la prolifération des vecteurs", confie à VOA Afrique, professeur Rémy Mimpfoundi. Il a mené pendant 40 ans des travaux sur les maladies à transmission vectorielle dans les universités du Cameroun.

"Ce sont des insectes qui ont un cycle de reproduction qui passe par l’eau : les mares temporaires, les réservoirs artificiels, les bassines que l’on garde dans les maisons pour la conservation de l’eau et c’est là où les moustiques viennent pondre", précise le professeur.

D’après les recherches, c’est le genre anophèles qui transmet le paludisme au Cameroun qui figure parmi les 11 pays dans le monde les plus affectés par cette maladie vectorielle.

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Cela reste aussi la principale cause de morbidité et mortalité chez les enfants de 0 à 5 ans.

"Les habitants du Cameroun doivent utiliser tous les outils mis à leur disposition, précisément les moustiquaires qui sont distribuées. S’ils attrapent le paludisme, il y a aussi les médicaments pour le traiter le paludisme, il y a les moyens de le prévenir", rassure professeur Rose Gana Fomban Leke, l’une des figures de proue de la lutte contre les maladies à transmissions vectorielle au Cameroun.

Elle a entre autres fait des travaux de recherches sur le paludisme chez les femmes enceintes.

Nouvelles méthodes de lutte contre les moustiques

Pour surveiller et éliminer les maladies à transmission vectorielle au Cameroun et en Afrique, les chercheurs affirment que cela passe par la résolution du problème de résistance des moustiques aux insecticides.

Le Burkinabè Ba Robert David, qui a représenté la société syngenta lors de la conférence internationale sur les maladies transmises par les moustiques à Yaoundé, le 23 septembre 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)


"On a pu réduire depuis une dizaine d’années, 61 % du taux de paludisme au Ghana, grâce à la pulvérisation intra domiciliaire, vous avez la réduction de près de 64% du taux de paludisme au Zimbabwe par la même méthode, au Mozambique c’est 40% de réduction, on a beaucoup d’exemples comme ça", affirme M. Ba Robert David du Burkina Faso, qui a représenté la société Syngenta à Yaoundé lors de la conférence internationale sur les maladies transmises par les moustiques.

Mais les campagnes de pulvérisation intra domiciliaire sont onéreuses et ne peuvent être menées que par des organismes comme le fond mondial ou l’organisation mondiale de la santé, "nous exhortons les pays africains qui ont plus de ressources financières à avec ceux qui n’en ont pas et nous demandons aussi à l’union africaine de mettre plus d’argent pour l’éradication des maladies vectorielles", martèle docteur Charles Mbogo, président de l’Association panafricaine de lutte contre les moustiques.

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Créée en 2009, elle encourage des approches communes entre scientifiques africains et institutions partenaires pour faire face aux maladies transmises par les moustiques sur le Continent.

Parmi les maladies transmises par les moustiques en Afrique, il y a entre autres, la fièvre jaune, la dengue, le zika, le chikungunya ou encore la filariose. Elles sont extrêmement mortelles.