Le pape appelle au "respect de l'armistice" au Soudan du Sud

Le pape François salue Salva Kiir, le président du Soudan du Sud, à la fin d'une retraite de deux jours avec des leaders sud-soudanais au Vatican, le 11 avril 2019.

Le pape a appelé jeudi au "respect de l'armistice" au Soudan du Sud, concluant une rencontre inédite au Vatican entre le président Salva Kiir et le chef rebelle Riek Machar, ex-ennemis appelés à gouverner ensemble.

Les plus hautes autorités civiles et ecclésiastiques du Soudan du Sud se sont retrouvées mercredi et jeudi pour "une retraite spirituelle" dans la résidence où loge le pape François, qui a prononcé un discours final au côté notamment du chef des Anglicans, l'archevêque de Cantorbéry Justin Welby.

Plus jeune pays au monde, le Soudan du Sud, majoritairement chrétien, a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, après 22 ans de conflit. Il avait basculé dès décembre 2013 dans la guerre civile, amorcée par la rivalité entre Salva Kiir et Riek Machar, pourtant anciens alliés lors du combat commun contre Khartoum.

Ils ont tous deux ont signé en septembre à Addis Abeba un nouvel accord de paix prévoyant un partage du pouvoir et visant à mettre un terme à plus de cinq ans d'une guerre civile qui a fait plus de 380.000 morts et poussé plus de quatre millions d'habitants à fuir leur foyer.

Le pape, qui a félicité jeudi les signataires présents, a exprimé son espoir que "les hostilités cesseront enfin et que l'armistice sera respectée", insistant particulièrement sur ce dernier point en répétant avec gravité: "s'il vous plait, que l'armistice soit respectée".

Il a aussi espéré que "les divisions politiques et ethniques seront surmontées et qu'il y aura une paix durable pour le bien commun de tous les citoyens qui rêvent de commencer à construire une nation".

"Votre peuple attend votre retour au pays, la réconciliation de tous ses membres et une nouvelle ère de paix et de prospérité pour tous", a souligné le pape François, décrivant une population "épuisée par les conflits passés".

Le pays a sombré dans le conflit en décembre 2013 lorsque Salva Kiir, un Dinka, a accusé Riek Machar, son ancien vice-président et membre de l'ethnie nuer, de fomenter un coup d'État. Exilé à Khartoum, ce dernier a prévu de revenir à Juba en mai dans le cadre de l'application de l'accord de paix.

"Vous avez commencé un processus, qu'il se termine bien. Il y aura des luttes entre vous, mais qu'elle restent dans le bureau; devant le peuple, unissez vous les mains!", a lancé après une prière commune le pape argentin, avant de s'agenouiller devant Salva Kiir et Riek Machar pour leur embrasser les pieds.

Dans son discours, François avait aussi rappelé son souhait de se rendre "bientôt" au Soudan du Sud, en compagnie de l'archevêque de Cantorbéry Justin Welby et de l'ancien modérateur de l'Eglise presbytérienne d'Ecosse, John Chalmers.