Le maire de Libreville détenu dans une enquête pour corruption

Une voiture stoppée à un checkpoint à Libreville, le 13 avril 2020. (Steeve Jordan/AFP)

Le maire de Libreville, la capitale du Gabon, est incarcéré, inculpé notamment de corruption et détournements de fonds publics, ont annoncé mercredi le parquet et son avocat.

Léandre Nzué, 63 ans et maire depuis février 2019, a été "placé sous mandat de dépôt mardi soir après avoir été inculpé par un juge d'instruction de 11 chefs", dont "association de malfaiteurs, détournement de fonds publics, blanchiment de capitaux, extorsion de fonds, concussion, corruption passive et chantage", a déclaré à l'AFP une haute responsable du parquet.

Son avocat, Jean-Paul Moumbembé, a confirmé à l'AFP que son client a été placé sous mandat de dépôt mardi après avoir été hospitalisé lundi à la suite d'un malaise lorsqu'il était déféré au tribunal de Libreville après deux jours de garde à vue.

M. Nzué, membre du Parti Démocratique Gabonais (PDG) au pouvoir, a été incarcéré dans la soirée à la prison centrale de Libreville, tout comme l'un de ses deux collaborateurs inculpés au même moment, a précisé devant la presse mardi soir le procureur de la République de Libreville, André-Patrick Roponat. Le second a été laissé en liberté provisoire.

Le magistrat a précisé qu'un rapport médical indiquant "un état général de santé normal" de M. Nzué avait été établi par un médecin après 24 heures d'observation à l'hôpital et que le maire avait lui-même signé une "décharge" avant d'être amené de nouveau au tribunal pour être inculpé.

Le parquet n'a livré aucune information sur le fond et les faits exacts reprochés au maire.

M. Nzué, conseiller municipal et adjoint au maire depuis 2008, avait été nommé édile de la capitale en février 2019 après que la titulaire de la charge, Rose Christiane Ossouka Raponda, eut été nommée ministre de la Défense. Madame Rapondat est devenue Premier ministre du Gabon le 16 juillet 2020.

Le Gabon est dirigé par le président Ali Bongo Ondimba depuis près de 11 ans, après que ce dernier eut succédé à son père Omar Bongo Ondimba, décédé après plus de 41 ans à la tête de ce petit Etat pétrolier d'Afrique centrale.

Le gouvernement avait lancé, début novembre 2019, une vaste opération anticorruption visant notamment l'ancien homme fort de la présidence, Brice Laccruche Alihanga, directeur de cabinet d'Ali Bongo durant la convalescence de ce dernier frappé par un AVC en octobre 2018.

Baptisée "Scorpion", cette opération a mené à l'incarcération de M. Laccruche Alihanga et de plus d'une dizaine de ses proches, dont trois anciens ministres. Son frère Grégory Laccruche Alihanga, maire d'Akanda, commune limitrophe de Libreville, a été également incarcéré dans le cadre de cette opération.

Rien n'indique toutefois que l'enquête visant M. Nzué soit menée dans le cadre de Scorpion.