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Zimbabwe: armée et police dissuadent les manifestants à Bulawayo


 Evan Mawarire
Evan Mawarire

L'armée et la police ont occupé lundi les rues de Bulawayo, la deuxième ville du Zimbabwe, pour y faire respecter l'interdiction de manifester imposée à l'opposition, quelques jours après la répression brutale d'une marche identique à Harare.

Toute la journée, des soldats et des policiers armés ont patrouillé à cheval ou en véhicule dans le centre de la ville et dans ses principaux quartiers, en appelant par mégaphone la population à ne pas se joindre à d'éventuels rassemblements contre la crise économique, a constaté un journaliste de l'AFP.

Armée et police dissuadent les manifestants au Zimbabwe
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Le quartier des tribunaux de Tredgold, où se pressent traditionnellement les changeurs de devises illégaux, a été complètement bouclé par les forces de l'ordre.

Des barrages policiers ont également été filtré les principales routes qui mènent au centre de Bulawayo.

Aucun incident notable n'a été signalé dans la journée.

Les autorités zimbabwéennes ont interdit la marche prévue par le principal parti d'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), à Bulawayo, contre l'hyperinflation, les pénuries et le chômage qui ravagent le pays.

Saisie par le MDC, dont la ville de Bulawayo est considérée comme un des fiefs politiques, la justice a confirmé lundi cette interdiction.

"Il ne fait aucun doute que les violences auxquelles nous avons assisté en janvier se reproduiraient si les manifestations étaient autorisées", a justifié le juge Tinashe Tashaya en rendant sa décision.

"Il est évident que cette violence (...) était le produit des mêmes difficultés économiques que celles que le pays connaît aujourd'hui", a ajouté le magistrat.

Un porte-parole local du MDC, Swithern Chirowodza, a aussitôt dénoncé ce jugement "de complaisance" qui, a-t-il ajouté, "vise à satisfaire le gouvernement violent (du président Emmerson) Mnangagwa".

Zimbabwe : armée et police déployées en force à Bulawayo
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"Affolement"

"La décision du gouvernement (...) prouve son affolement face à la situation", a pour sa part estimé lundi à l'AFP Mbuso Fuzwayo, du mouvement de la société civile Ibhetshu Likazulu.

"Ils n'ont pas confiance en eux. C'est comme du temps de la Rhodésie (le Zimbabwe sous colonisation britannique), c'est une réaction primitive", a ajouté M. Likazulu.

La semaine dernière, le gouvernement Mnangagwa avait déjà interdit des manifestations de l'opposition contre la détérioration catastrophique de la situation économique.

Des dizaines de manifestants, dont beaucoup issus des rangs du MDC, ont défié l'interdiction vendredi, aussitôt dispersés à coups de matraques, de fouets et de grenades lacrymogènes. Plusieurs d'entre eux ont été sérieusement blessés.

Ces manifestations devaient être les premières depuis celles de janvier contre la hausse des carburants, violemment réprimées par les forces de l'ordre. Ces opérations ont fait au moins 17 morts dans les rangs de la population.

Le président Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 à Robert Mugabe, aux commandes du pays pendant trente-sept ans, s'est engagé à relancer l'économie, jusqu'à présent en vain.

Le Zimbabwe est confronté à des pénuries régulières de denrées de première nécessité, comme la farine, le pain, l'huile, mais aussi les carburants. Les Zimbabwéens sont aussi soumis à de très longues coupures d'électricité.

Environ cinq millions de personnes, soit un tiers des 16 millions d'habitants ont besoin d'une aide alimentaire, selon le programme alimentaire mondial (Pam).

"La crise socio-économique qui sévit au Zimbabwe suscite notre plus grande inquiétude", a déclaré vendredi à Genève un porte-parole de l'ONU, Rupert Colville. "Nous exhortons le gouvernement à dialoguer avec les manifestants et à ne pas recourir à la violence contre eux".

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