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Yémen: un ex-général danois choisi pour remplacer le chef des observateurs de l'ONU


Le général néerlandais à la retraite, Patrick Cammaert, au centre, le 13 janvier 2019.
Le général néerlandais à la retraite, Patrick Cammaert, au centre, le 13 janvier 2019.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a choisi un ex-officier danois, Michael Lollesgaard, pour remplacer, un mois seulement après son arrivée, le chef des observateurs onusiens au Yémen, l'ex-général néerlandais Patrick Cammaert.

Selon des diplomates, les relations de Patrick Cammaert étaient tendues avec les rebelles houthis et l'émissaire de l'ONU, le Britannique Martin Griffiths.

Michael Lollesgaard a été proposé lundi aux 15 membres du Conseil de sécurité, qui ont 48 heures pour accepter ou refuser cette nomination, ont indiqué à l'AFP deux sources diplomatiques, s'exprimant sous couvert d'anonymat.

Dans un entretien publié lundi par le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat, Martin Griffiths avait confirmé que Patrick Cammaert, qui dirige une équipe d'observateurs chargés de superviser la trêve à Hodeida (ouest), allait être remplacé incessamment.

"Le plan du général Cammaert était de rester assez peu de temps au Yémen pour préparer le terrain à l'établissement de la mission de Hodeida", a-t-il assuré, écartant toute autre raison de départ.

Selon des sources diplomatiques cependant, les relations avec Martin Griffiths n'étaient pas bonnes. A sa décharge, l'ex-officier s'est retrouvé à devoir superviser une trêve (cessez-le-feu, retrait de combattants) dont tous les paramètres n'avaient pas été détaillés lors des négociations qui se sont tenues début décembre en Suède, note l'une de ces sources. Il a de ce fait eu un comportement ayant créé des inimitiés, selon la même source.

Dans son entretien avec Asharq Al-Awsat, l'émissaire de l'ONU au Yémen a annoncé que la mise en oeuvre de l'accord de trêve à Hodeida et d'un autre accord sur un vaste échange de prisonniers avait été repoussée en raison de difficultés sur le terrain.

Ce changement est dû au fait que "les échéances (fixées pour l'application de ces accords) étaient ambitieuses" alors que la situation était "complexe sur le terrain", a-t-il expliqué.

- "Général humanitaire" -

Peu de temps après son arrivée au Yémen, Patrick Cammaert avait été contesté par les Houthis, dont certains lui avaient reproché d'avoir son propre agenda. L'ONU avait démenti, assurant que le seul agenda était d'améliorer la vie des Yéménites.

L'incident le plus sérieux est survenu le 17 janvier lorsque son convoi a été la cible de tirs d'armes légères, sans faire de blessés, à la sortie d'une réunion avec le gouvernement yéménite. L'ONU a indiqué ne pas savoir qui était à l'origine des tirs.

Vieux routier des missions de l'ONU (Erythrée, Ethiopie, République démocratique du Congo, Cambodge, Bosnie...), Patrick Cammaert dirigeait depuis le 23 décembre les éléments précurseurs de la mission d'observation de l'ONU, récemment confirmée par une résolution du Conseil de sécurité, et qui doit comprendre une fois au complet 75 observateurs civils.

Leur mission est de surveiller la trêve à Hodeida et dans les ports de Salif et Ras Issa, situés dans la même province, pour une durée initiale de six mois. Ils doivent aussi s'assurer d'un retrait des combattants de ces lieux.

Le général Michael Lollesgaard a commandé la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) entre 2015 et 2016, où selon la presse spécialisée danoise il était connu comme "le général humanitaire", avant de devenir le représentant militaire du Danemark à l'Otan et l'Union européenne.

Né en Fionie (centre) en 1960, il a commencé sa carrière en 1984 et a notamment été conseiller militaire de son pays auprès de l'ONU à New York et servi dans des missions de maintien de la paix en Irak et en Bosnie-Herzégovine.

Le général Lollesgaard a aussi dirigé le centre multinational de formation aux opérations de soutien de la paix en Bosnie-Herzégovine entre 2007 et 2009.

Le conflit au Yémen a fait quelque 10.000 morts depuis qu'une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite est intervenue en mars 2015 pour soutenir le gouvernement, selon l'Organisation mondiale de la santé.

Des groupes de défense des droits humains affirment que le nombre réel de morts pourrait être cinq fois plus élevé.

La guerre a mis 14 millions de Yéménites au bord de la famine dans ce que les Nations unies qualifient de pire crise humanitaire dans le monde.

Avec AFP

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