Ce n’est pas parce qu’un melon a une drôle de tête ou qu’une tomate est toute tordue, que ces aliments ne sont pas parfaitement comestibles. Mais voilà, aux États-Unis, tout comme dans nombre de pays industrialisés, des quantités de fruits et légumes sont jetées, tout simplement parce qu’elles n’ont pas bonne mine.
Un certain nombre de start-ups s’attaquent justement à ce problème. Il s’agit de récupérer des aliments sains et nutritifs, mais peu sexy. Pour réduire le gaspillage dont se plaint régulièrement la FAO, l’agence onusienne chiffrant les pertes en fruits et légumes à un tiers de la production. Des quantités inimaginables de vivres frais qui pourraient aider à réduire la malnutrition de par le monde.
Dans l’État de Washington, dans le nord-ouest des États-Unis, Elizabeth Bennett, armée d’une maitrise en anthropologie des aliments, a lancé en novembre 2014 une société, Fruitcycle.
Chaque semaine, sa boite récupère 230 kilos de pommes de toutes les apparences. Ses employées – qui dans le passé étaient soit sans domiciles fixes, soit incarcérées – traitent le fruit. Elles enlèvent le trognon, et les imperfections, et coupent le fruit en morceaux – le produit vendu par Fruitcycle.
A ce jour, explique Mme Bennet, nous avons récupéré plus de 4,6 tonnes de pommes qui autrement, auraient été jetées. Parmi les exploitants qui la ravitaille: Matt Harsh.
« Nous plantons16 hectares de legumes et 16 de fruits. Sur ce total, environ 10 pour cent souffre d’imperfections, ou bien se présente de telle façon qu’il est invendable sur les marches locaux. On doit les jeter » explique M. Harsh.
Mme Bennett, elle, parvient à écouler les morceaux de pommes dans des petits magasins de la région de Washington. Ses affaires marchent suffisamment bien pour qu’elle soit déjà en négociations avec une chaine de supermarchés.
« Cela semble plaire aux gens. Cela fait vraiment une difference, le fait d’utiliser des fruits cueillis lorsqu’ils sont juste murs. Mon but est de vendre dans d’autres magasins, ce qui permettra de récupérer encore davantage de fruits, et d’embaucher d’autres femmes. En même temps, on continue à faire prendre conscience aux gens des déchets alimentaires » explique Mme Bennett.
Qu’en est-il des légumes à l’apparence imparfaite? Et bien, une autre société, Hungry Harvest, fondée par Evan Lutz juste après qu’il ait terminé ses études supérieures, se charge de les écouler.
« Ce légume est un peu trop gros; celui-ci est un peu abime. Cela n’affecte en rien leur qualité, mais on ne les verra pas dans un magasin. Si on tentait de les écouler, ils seraient rejetés. Donc, on met tout dans des sacs, et on les livre à domicile », déclare-t-il.
M. Lutz achète ces légumes rejetés aux fermiers et grossistes du coin pour une bouchée de pain. Il les revend, et en même temps, fait des dons alimentaires à des personnes dans le besoins, leur livrant des repas sains.
Aujourd’hui, plus de 500 personnes se font livrer des légumes imparfaits. Leur nombre va croissant, et Hungry Harvest estime qu’ils seront 5.000 d’ici à un an.