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Une centaine d'éléphants tués en quelques semaines au Botswana


Un éléphant retrouvé mort au Botswana, sur une photo publiée le 4 septembre 2018. (Twitter/IFAW)
Un éléphant retrouvé mort au Botswana, sur une photo publiée le 4 septembre 2018. (Twitter/IFAW)

Au moins 90 éléphants ont été retrouvés morts, leurs défenses d'ivoire méthodiquement arrachées, ces dernières semaines au Botswana, victimes d'une des vagues de braconnage les plus meurtrières recensées récemment sur le continent africain.

Ce décompte macabre a été réalisé par l'ONG Eléphants sans frontières, lors d'un recensement aérien de la population de pachydermes du pays conduit avec le ministère botswanais de la Faune sauvage et des Parcs nationaux.

"Nous avons commencé notre recensement le 10 juillet et nous avons déjà dénombré 90 carcasses d'éléphants", a expliqué mardi à l'AFP le responsable de l'ONG, Mike Chase, "et nous retrouvons chaque jour plus d'éléphants morts".

La plupart ont été tués par "des balles de gros calibre", selon M. Chase, près de points d'eau de la célèbre réserve du delta de l'Okavango, dans le nord de Botswana.

"Il s'agit du plus grave épisode de braconnage en Afrique dont j'ai jamais été informé", a souligné le défenseur de la faune.

Le ministre local du Tourisme Tshekedi Khama a confirmé l'étendue du massacre. "Je sais que le bilan atteint un nombre à deux chiffres, très élevé pour le Botswana", a-t-il déclaré à l'AFP. "J'en suis très préoccupé, très inquiet".

Ainsi que s'est plu à le souligner le patron d'Eléphants sans frontières, ces tueries interviennent quelques semaines après la décision controversée des autorités de Gaborone de désarmer ses "rangers" spécialisés dans la lutte antibraconnage.

Coincé entre la Zambie et l'Afrique du Sud, le Botswana abrite la plus grande population africaine d'éléphants en liberté, évaluée à encore 135.000 animaux en 2015.

La richesse de sa faune en a fait un sanctuaire très prisé des amateurs de safaris haut-de-gamme et un des pôles de développement de son économie, qu'il protège grâce à un arsenal antibraconnage jusque-là considéré comme exemplaire.

- "Dans la ligne de mire" -

Jusqu'au mois de mai, ses "rangers" étaient ainsi lourdement armés et autorisés à tirer sur les braconniers.

Mais en mai dernier, le gouvernement du nouveau président Mokgweetsi Masisi, en place depuis le mois précédent, a ordonné le désarmement de ces unités, sans vraiment expliquer pourquoi. Son prédécesseur Ian Khama était considéré un défenseur passionné de la faune sauvage de son pays.

Interrogé mardi par l'AFP, le chef d'état-major de l'armée, le général Placid Segokgo, s'est refusé à commenter la décision de désarmer les unités de "rangers".

Selon Mike Chase, les auteurs de cette vague de braconnage viennent de pays voisins comme l'Angola et la Zambie. "Là-bas, ils ont tué tant d'éléphants qu'ils ont presque disparu", a-t-il noté. "Les braconniers viennent donc maintenant au Botswana".

"Nous avons été épargnés par les braconniers pendant longtemps, nous réalisons maintenant à quel point ils sont sophistiqués", a concédé le ministre Khama. "Malheureusement, nous apprenons parfois nos leçons de la pire façon", a-t-il ajouté.

Le Fonds international pour le bien-être animal (IFAW) s'est dit choqué par l'ampleur du massacre. "Jusque-là, les troupeaux d'éléphants étaient largement laissés en paix au Botswana", a relevé son vice-président, Jason Bell, "mais désormais ils sont dans la ligne de mire des braconniers".

L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) estime que le très rémunérateur trafic de l'ivoire ont fait dégringoler le nombre des éléphants de 415.000 à 111.000 au cours de la dernière décennie en Afrique.

Ses études révèlent qu'environ 30.000 pachydermes sont victime chaque année du braconnage.

Avec AFP

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