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Un train au chevet des malades isolés d'Afrique du Sud​


D'apparence, le train qui entre en gare de Pienaarsrivier ressemble à n'importe quel autre convoi de passagers. Mais l'effervescence qui règne sur le quai ne trompe pas: cette clinique sur rail vient offrir des soins essentiels aux Sud-Africains des régions les plus reculées.

Dans ce petit village au nord de la capitale Pretoria, des dizaines de patients se pressent pour bénéficier des consultations presque toutes gratuites offertes par cet express de la santé.

"Quand nous arrivons, les gens sont toujours prêts ! Il y a même des enfants qui nous accueillent avec des petits spectacles", se réjouit Anna Mokwena, la responsable du train Phelophepa, qui sillonne l'Afrique du Sud depuis plus de vingt ans.

"Nous sommes si contents ! J'ai eu deux paires de lunettes et maintenant je vais voir le docteur pour faire un bilan", explique Janette Rakgetse, accourue d'un township voisin. "J'économise beaucoup d'argent. Nous sommes un groupe de grand-mères, arrivées à 05h00 du matin pour éviter la queue", poursuit la sexagénaire.

Pendant son arrêt de deux semaines en gare de Pienaarsrivier, cette clinique ambulante de 19 voitures propose aux patients de la région un accès inédit à des médecins généralistes, dentistes, psychologues, ophtalmologues et pharmaciens. Un luxe dans cette région rurale, véritable désert médical.

A bord du train, médecins confirmés et étudiants en médecine peuvent traiter jusqu'à 400 patients chaque jour.

Sur chaque voiture du train, la spécialité proposée est inscrite en lettres rouges sur le carénage immaculé.

"Cela redonne de l'espoir aux gens. On les aide à mieux voir, pour qu'ils puissent mieux se déplacer", raconte Percy Makgwane, un étudiant opticien de 22 ans. "J'aimerais pouvoir y faire carrière".

Le premier train Phelophepa, "la bonne et saine santé" en dialectes tswana et sotho, a été lancé en 1994 par Transnet, la compagnie publique sud-africaine de transport ferroviaire.

Au départ muni de trois petites voitures, le train a été rallongé vingt ans plus tard au moment où un deuxième train était affrété pour 80 millions de rands (5,8 millions d'euros).

Si Transnet gère - et paie - la partie strictement logistique et ferroviaire du convoi, les médecins et les médicaments sont financés par le laboratoire suisse Roche.

Les tarifs appliqués aux patients du train sont symboliques: à peine 30 rands (2 euros) pour une paire de lunettes, 10 rands pour un soin dentaire et 5 rands pour les médicaments courants.

"Faire payer les patients permet de les responsabiliser et de lutter contre la pauvreté", explique Anna Mokwena, la patronne du train. "Mais nous ne remplaçons pas les hôpitaux", ajoute-t-elle, "nous ne sommes que la deuxième main qui aide la première".

Cette initiative constitue une première réponse au déficit chronique de médecins dont souffre l'Afrique du Sud rurale.

"C'est formidable pour les patients car ils n'ont pas tous ces services ici", applaudit Mizo Zulu, une pharmacienne.

Depuis 1994, quelque 24 millions de malades ont été traités au gré de ses arrêts en gare, ce qui fait de "train de l'espoir" la plus grande clinique mobile au monde.

Sillonnant les zones les plus reculées neuf mois par an, le Phelophepa a pour ambition de traverser le pays au moins une fois tous les deux ans.

Après deux semaines dans ce petit village de la province du Limpopo, une des plus pauvres du pays, il se rendra à Ladysmith, à 500 kilomètres au sud-est.

En plus de soins, il offre à chacune de ses étapes des opportunités d'emplois à durée temporaire en embauchant localement des femmes de ménages ou des agents de sécurité.

Pour répondre à l'intérêt et aux besoins croissants que suscitent ses deux trains, Transnet prévoit d'en mettre prochainement sur les rails un troisième.

Avec AFP

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