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Le ministre Ismaël Wagué rencontre une milice accusée d'exactions


Le chef d'état-major adjoint de l'armée de l'air malienne, Ismaël Wagué, au premier rang à gauche, prend la parole lors d'une conférence de presse à Kati, Mali, le 19 août 2020.
Le chef d'état-major adjoint de l'armée de l'air malienne, Ismaël Wagué, au premier rang à gauche, prend la parole lors d'une conférence de presse à Kati, Mali, le 19 août 2020.

Un des plus hauts personnages de l'Etat malien, le ministre Ismaël Wagué, a rencontré les chefs d'une milice dogon accusée du massacre de civils et officiellement dissoute, a-t-on appris mercredi auprès de cette dernière et des autorités.

Des photos publiées sur internet et authentifiées montrent le colonel-major Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation nationale dans le gouvernement de transition dominé par les militaires, en compagnie du chef militaire de la milice Dan Nan Ambassagou, Youssouf Toloba.

C'est la première rencontre connue de ce genre depuis que des militaires ont renversé le pouvoir civil du président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020 et installé un gouvernement de transition.

La rencontre a eu lieu mardi en périphérie de Bandiagara, en pays dogon, dans le centre du Mali, un des principaux foyers de la crise sécuritaire qui sévit au Sahel.

La milice Dan Nan Ambassagou est l'un des acteurs de la crise dans le centre du pays, en proie aux agissements jihadistes, mais aussi aux violences entre communautés, à commencer par les Dogons et les Peuls.

Composée de chasseurs traditionnels, s'érigeant en groupe de défense de la communauté dogon contre les jihadistes, Dan Nan Ambassagou est accusée par les défenseurs des droits humains de multiples exactions contre les Peuls, souvent assimilés à ces jihadistes qui recrutent volontiers au sein de cette communauté.

Dan Nan Ambassagou est désigné, avec les groupes armés jihadistes, comme l'auteur de "crimes contre l'humanité" et "crimes de guerre" aux dépens de Peuls dans le rapport d'une commission internationale de l'ONU transmis en 2020 au Conseil de sécurité. Dan Nan Ambassagou réfute ces accusations.

Les anciennes autorités avaient annoncé la dissolution de Dan Nan Ambassagou en mars 2019, au lendemain du massacre de plus de 160 Peuls dans le village d'Ogossagou. En fait, la milice n'a jamais cessé d'opérer dans un secteur qui échappe très largement au contrôle de l'Etat. Et les Peuls continuent à l'accuser régulièrement de les attaquer.

Les militaires qui dominent les autorités de transition installées après le putsch du 18 août, et dont Ismaël Wagué est l'une des principales figures, voient dans l'entreprise de réconciliation avec les groupes armés l'un des moyens de rétablir la sécurité. Ils se sont ainsi montrés ouverts au dialogue avec certains jihadistes.

C'est à l'initiative des autorités qu'a eu lieu la rencontre de mardi, ont dit des sources proches de Dan Nan Ambassagou.

"Nous avons discuté de la sécurité, la paix, la réconciliation et le vivre-ensemble", a dit à l'AFP Sékou Bolly, chargé de mission au ministère, présent à la rencontre.

"C’était une bonne rencontre. Maintenant, le ministre va en faire la restitution au gouvernement avant (de décider) la suite à donner", a-t-il dit.

"Cette rencontre a été organisée pour aplanir les différends et trouver les moyens de sécuriser les populations", a dit Mamadou Goudienkile, coordinateur national de Dan Na Ambassagou.

"Des propositions concrètes de sécurisation ont été dégagées, maintenant on attend le gouvernement pour voir ce qui est possible de faire ensemble", a-t-il dit.

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