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Un "déploiement policier massif" dissuade les manifestants en Ethiopie


Des manifestants se sont rassemblés pour protester contre l'injuste redistribution de la richesse à Addis Ababa, en Ethiopie, le 6 août 2016.
Des manifestants se sont rassemblés pour protester contre l'injuste redistribution de la richesse à Addis Ababa, en Ethiopie, le 6 août 2016.

Un "déploiement policier massif" a empêché la tenue de nouvelles manifestations de grande ampleur au cours du week-end dans les régions éthiopiennes Oromo et Amhara, en proie à un mouvement de contestation antigouvernementale sans précédent depuis une décennie.

"La situation est très tendue. L'armée, les forces de police et des policiers en civils sont massivement déployés", a affirmé à l'AFP Beyene Petros, le président de la coalition de partis d'opposition, Medrek. "Ils vont même de maison en maison pour menacer les parents" des manifestants, assure-t-il.

Des manifestations d'ampleur réduite ont toutefois été rapportées au cours du week-end dans au moins trois localités, à Debre Markos et Wollo en région Amhara (nord), et à Shashemene en région Oromo (centre et ouest).

Le week-end précédent, des manifestations qui ont touché pour la première fois simultanément les régions Oromo et Amhara, du nom des deux principales ethnies du pays, avaient été violemment réprimées. Les forces de sécurité avaient ouvert le feu sur la foule dans plusieurs localités faisant au moins une centaine de morts, selon un bilan d'Amnesty International.

De nouveaux rassemblements sont attendus au cours de la semaine, mais les partis traditionnels d'opposition avouent avoir peu de prise sur un mouvement essentiellement relayé par des jeunes activistes sur les réseaux sociaux.

"Les gens manifestent spontanément, les partis politiques sont dépassés", reconnaît Beyene Petros. "Nous ne faisons qu'observer et nous essayons de conseiller les (...) parties pour limiter les dommages."

Les partis éthiopiens d'opposition ont été largement décimés par les arrestations de leurs dirigeants et militants ces dernières années, le plus souvent au nom d'une loi anti-terroriste aux contours très larges.

La coalition au pouvoir (EPRDF) a remporté l'ensemble des sièges du Parlement lors des élections de 2015. "Cela a enragé la population, qui a abandonné tout espoir de voir l'EPRDF (au pouvoir depuis 25 ans) apporter un changement démocratique dans ce pays", estime M. Petros. "Le parti au pouvoir doit ouvrir l'espace politique".

Mercredi, le Haut commissariat des droits de l'Homme de l'ONU s'était dit "très inquiet" de la situation et avait demandé au gouvernement éthiopien de donner l'accès à des observateurs internationaux aux régions Oromo et Amhara.

Les activistes de ces deux ethnies contestent de plus en plus ouvertement ce qu'ils perçoivent comme une domination sans partage de la minorité des Tigréens, issus du nord du pays, qui occupent les postes-clés au sein du gouvernement et des forces de sécurité.

Oromo et Amhara représentent à eux seuls plus de 60% des 100 millions d'Éthiopiens, dans le deuxième pays le plus peuplé du continent.

Avec AFP

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