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Un boulanger français en grève de la faim contre l'expulsion de son apprenti guinéen


Dans une boulangerie de Khartoum, au Soudan, le 5 janvier 2018.
Dans une boulangerie de Khartoum, au Soudan, le 5 janvier 2018.

Un boulanger de l'est de la France a entamé dimanche une grève de la faim pour garder son apprenti guinéen, jeune majeur visé par une obligation de quitter le territoire français.

"J'ai 50 ans, j'ai fait trois embolies pulmonaires en trois ans, mon médecin me dit que je suis fragile, mais je m'en fous, je sais que j'ai raison": Stéphane Ravacley est déterminé à tout faire pour que son apprenti, Laye Fodé Traore, continue à travailler avec lui.

Le patron de "La Huche à Pain", située au centre-ville de Besançon (est), ne s'alimente plus depuis dimanche à minuit. "Je ne m'arrêterai pas avant d'avoir obtenu quelque chose", prévient-il.

En septembre 2019, M. Ravacley a pris en contrat d'apprentissage de deux ans "un bon gamin" parti de Guinée et arrivé en France comme mineur isolé après être passé par le Mali, la Libye et avoir traversé la Méditerranée pour rejoindre l'Italie, avant de relier la France, raconte-il à l'AFP.

"Discret", mais avide d'apprendre le métier, Laye s'est immédiatement montré volontaire et travailleur, poursuit l'artisan qui oeuvre six jours sur sept de 3 heures du matin à 20 heures (19 heures GMT), avec une pause en milieu de journée.

"Il y a une place pour lui dans mon fournil", insiste le boulanger qui prévoyait de le prendre comme ouvrier au terme de sa formation.

Mais en novembre, la tutrice du foyer voisin qui suit le jeune homme lui a annoncé que son apprenti, devenu majeur, faisait désormais l'objet d'une obligation de quitter e territoire et devrait arrêter de travailler auprès de lui.

Le jeune Guinéen a saisi le tribunal administratif de Besançon pour contester le rejet de sa demande de titre de séjour. Son recours sera examiné le 26 janvier.

"On perd 70% des jeunes après le CAP (certificat obtenu en deux ans) parce qu'ils n'ont plus envie ou parce que les patrons ne s'occupent pas bien d'eux", déplore le boulanger, qui peine comme beaucoup d'artisans à trouver des apprentis. "Alors pourquoi on accepte pas ces gamins qui meurent de faim dans leur pays et veulent travailler chez nous ? Ils ne prennent pas la place des Français".

Le boulanger a lancé une pétition sur internet (http://www.chng.it/LNcZmShs). Cette dernière a recueilli près de 100.000 signatures et plus de 100.000 "j'aime" sur Instagram depuis que l'eurodéputé de gauche Raphaël Glucksmann l'a relayée.

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