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Un an après, l'intégration à petits pas pour les Syriens du pape


Le pape François, au centre, salue les enfants réfugiés à son arrivée au camp de ces derniers à Moria, sur l’ île de Lesbos, Grèce, 16 avril 2016. epa/ ORESTIS
Le pape François, au centre, salue les enfants réfugiés à son arrivée au camp de ces derniers à Moria, sur l’ île de Lesbos, Grèce, 16 avril 2016. epa/ ORESTIS

Il y a un an, le pape François les tirait des limbes d'un camp de réfugiés de Lesbos. Aujourd'hui, ces 12 Syriens se reconstruisent une vie à Rome mais peinent, comme beaucoup d'Italiens, à trouver un emploi.

Tout s'est passé si vite: un court entretien un soir dans le camp sur l'île grecque où ils étaient bloqués depuis des semaines, la proposition de venir en Italie et le vol dès le lendemain, à bord de l'avion du pape lors de sa visite le 16 avril.

"On n'a pas eu le temps d'y penser", raconte Nour, 32 ans. Ayant fui la Syrie dans des conditions dramatiques avec son mari Hassan, elle n'avait jamais pensé à l'Italie. Avec son master de microbiologie végétale obtenu à Montpellier, elle visait plutôt la France.

A Rome, les trois familles musulmanes invitées par le pape ont été prises en charge, aux frais du Vatican, par la communauté catholique de Sant'Egidio, qui gère avec d'autres organismes religieux un "couloir humanitaire" d'accueil de réfugiés ayant déjà profité à quelque 700 Syriens.

Logement, cours intensifs d'italien, inscriptions à l'école: encore une fois, pas de temps à perdre. Les autorités italiennes non plus n'ont pas traîné, accordant à tous le statut de réfugié en quelques mois.

"Ici, nous avons une vie de paix", explique Nour avec un regard amusé sur son fils Riad, 3 ans, qui va et vient autour d'elle en dégustant une énorme glace à la fraise et en l'apostrophant en italien.

Après avoir fait reconnaître ses diplômes, elle a trouvé en mars un emploi de biologiste à l'hôpital Bambino Gesù de Rome. Les deux autres mères de famille ont intégré une société de ménage.

Mais Hassan, expert en aménagement de jardins, doit pour l'instant se contenter de quelques jours de travail par semaine dans un atelier de réparation.

- 'Trouver un travail' -

"Je suis inquiète, comme tout le monde: comment aller de l'avant dans la vie, trouver un travail ?", s'interroge-t-elle. Mais dans un pays où le taux de chômage dépasse encore 11% en moyenne et 35% chez les jeunes, "cette peur n'est pas que la mienne, tous les Italiens la partagent".

Au moins l'angoisse pour les proches restés au pays commence-t-elle à s'atténuer: les parents et les trois frères cadets de Hassan sont arrivés il y a deux mois à Naples dans le cadre des "couloirs humanitaires" de Sant'Egidio et la famille de Nour est attendue dans les prochaines semaines en France.

En août, le pape a convié ses invités syriens à déjeuner au Vatican. Avec eux se trouvaient les premières familles pressenties pour embarquer avec lui mais retenues à Lesbos pour des questions administratives: sur l'insistance du Vatican, elles avaient pu arriver quelques mois plus tard.

"Le pape a changé notre vie en un jour. C'est un vrai exemple pour tous les religieux du monde, parce qu'il utilise la religion pour servir les hommes", salue Nour, encore émue qu'il se soit souvenu de son nom lorsqu'il l'a recroisée en février.

"En un an, on peut parler d'une d'intégration réussie", assure Daniela Pompei, une responsable de Sant'Egidio qui accompagne les familles depuis Lesbos. Maintenant, "notre objectif, c'est que ces familles deviennent totalement autonomes, qu'elles fassent leur vie".

Le défi est de taille pour Abdelmajid, 16 ans, et Rachid, 19 ans, qui sont arrivés dans l'avion du pape avec leurs parents et leur petite soeur. Le plus jeune se débrouille au lycée mais le plus grand se trouve trop vieux pour aller en classe et parle encore très mal italien.

Pour l'instant, leur principal souci rejoint cependant celui de beaucoup d'Italiens de leur âge: ils cherchent un dermatologue pour leur acné.

Encore loin de ces préoccupations, le petit Riad court de l'un à l'autre, rayonnant, sa glace dégoulinante à la main. "Je suis contente que mon fils ait commencé à vivre comme les autres enfants de son âge", souffle Nour.

Avec AFP

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