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Les Sénégalais aux urnes dimanche, scrutin test à 19 mois de la présidentielle


File d'attente des électeurs devant un bureau de vote du quartier Guediawaye, à Dakar. (Archive AP)
File d'attente des électeurs devant un bureau de vote du quartier Guediawaye, à Dakar. (Archive AP)

Les Sénégalais élisent dimanche leurs députés lors de législatives ayant valeur de test avant la présidentielle de février 2024, un scrutin que l'opposition veut mettre à profit pour imposer une cohabitation à Macky Sall et freiner les intentions qu'elle lui prête de vouloir faire un 3e mandat.

Le président Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, maintient le flou sur ses intentions en 2024. Une défaite aux législatives pourrait contrarier ses projets.

Le scrutin législatif, à un seul tour, vise à renouveler pour cinq ans les 165 sièges du Parlement monocaméral largement contrôlé par le camp présidentiel. Macky Sall a aussi promis de nommer un Premier ministre - poste qu'il avait supprimé puis rétabli en décembre 2021 - au sein de la formation victorieuse des élections.

Les députés sont élus selon un mode qui panache scrutin proportionnel avec des listes nationales pour 53 parlementaires, et scrutin majoritaire dans les départements pour 97 autres. La diaspora dispose de 15 députés.

Dimanche, les bureaux de vote doivent ouvrir à 8 heures (locales et GMT) et fermer à 18 heures pour 7 millions d'électeurs.

Cohabitation ?

Huit coalitions sont en lice pour ces élections dont celles de la majorité et "Yewwi Askan Wi" (Libérer le Peuple en langue wolof), la principale coalition de l'opposition, formée autour d'Ousmane Sonko, arrivée troisième de la présidentielle de 2019.

Celle-ci s'est alliée à la coalition "Wallu Sénégal" (Sauver le Sénégal en wolof), dirigée par l'ex-président Abdoulaye Wade. La moins bien placée dans un département s'engage à soutenir l'autre avec pour objectif d'"obtenir une majorité parlementaire" et "d'imposer une cohabitation gouvernementale".

L'opposition veut aussi contraindre M. Sall à renoncer à toute velléité de candidature en 2024. "Si Macky Sall les perd (les législatives), il ne parlera plus de 3e mandat", a assuré M. Sonko.

Pour le pouvoir, les élections législatives font figure de test après les locales de mars, remportées par l'opposition dans de grandes villes du pays comme Dakar, Ziguinchor (sud) et Thiès (ouest).

"On peut considérer ces législatives comme le premier tour de la présidentielle de 2024", affirme à l'AFP le chercheur et analyste politique Cheikh Guèye.

Le scrutin se déroule dans un contexte de hausse des prix, notamment à cause des conséquences de la guerre en Ukraine, des arguments utilisés par l'opposition contre le pouvoir qui met en avant les subventions des produits pétroliers et des denrées alimentaires ainsi que son programme de construction d'infrastructures.

La campagne électorale, de 21 jours, se termine vendredi soir. Des rassemblements géants et des caravanes bruyantes ont sillonné le pays généralement dans le calme, alors que la pré-campagne avait été marquée par de violentes manifestations qui avaient fait au moins trois morts.

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Des opposants absents

Ces incidents avaient suivi l'invalidation par le ministère de l'Intérieur, confirmée par le Conseil constitutionnel, des titulaires de la liste nationale de la coalition dirigée par M. Sonko, invoquant l'inéligibilité d'une de ses candidates, figurant par inadvertance à la fois parmi les titulaires et les suppléants.

Plusieurs figures de l'opposition, parmi lesquelles Ousmane Sonko, ont été contraintes de renoncer à participer aux élections, non sans avoir appelé leurs soutiens à protester contre ce qu'ils estimaient être un stratagème du président Macky Sall pour écarter ses adversaires sous couvert de moyens légaux.

Mis à part la première manifestation, toutes les autres avaient été interdites par les autorités.

Deux autres adversaires du président, l'ancien maire de Dakar Khalifa Sall (sans lien de parenté) et l'ancien ministre Karim Wade, fils de l'ex-président, ont vu leur trajectoire interrompue par les ennuis judiciaires. Le pouvoir se défend de toute instrumentalisation de l'appareil d'Etat.

L'arrestation de M. Sonko par la justice dans une affaire de viols présumés avait provoqué en mars 2021 plusieurs jours d'émeutes, de pillages et de destructions, ayant fait une quinzaine de morts.

Le 29 juin, l'opposition avait finalement calmé le jeu en acceptant de participer au scrutin, qu'elle menaçait jusqu'alors d'empêcher.

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