Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Aux Comores, l'opposition boycotte le référendum destiné à renforcer les pouvoirs du président


Assoumani Azali, président de Comores, au Palais de l'Elysée pour rencontrer le président français Jacques Chirac, à Paris, France 16 mai 2006. epa/ HORACIO VILLALOBOS
Assoumani Azali, président de Comores, au Palais de l'Elysée pour rencontrer le président français Jacques Chirac, à Paris, France 16 mai 2006. epa/ HORACIO VILLALOBOS

Les Comoriens se sont peu mobilisés lundi lors d'un référendum constitutionnel, boycotté par l'opposition et destiné à permettre au président et ancien putschiste Azali Assoumani de se représenter pour un deuxième mandat consécutif.

Le projet constitutionnel, qui a contribué à la détérioration du climat politique dans le petit archipel de l'océan Indien, renforce considérablement les pouvoirs du chef de l'Etat.

Il l'autorise à se présenter pour un deuxième mandat consécutif de cinq ans alors que l'actuelle Constitution, qui date de 2001 et a permis de ramener un peu de stabilité dans un pays secoué par une longue série de crises séparatistes et de coups d'Etat, l'interdit.

Le texte supprime aussi les postes de vice-présidents et la Cour constitutionnelle, la plus haute instance judiciaire de l'archipel peuplé de moins de 800.000 habitants.

>> Lire aussi : Référendum sous haute tension politique aux Comores

L'affluence est restée faible lundi dans les bureaux de vote visités par l'AFP sur l'île de la Grande-Comore, à l'exception de celui où a voté président Azali Assoumani.

Une heure avant la fermeture des bureaux et le dépouillement, qui a débuté peu après 16H00 (13H00 GMT), moins d'un quart des électeurs avaient voté dans les cinq bureaux où se sont rendus des journalistes de l'AFP.

Sur l'île d'Anjouan, les Comoriens ont aussi boudé les urnes dans la principale ville de Mutsamudu, mais pas dans deux villages avoisinants, a constaté un journaliste de l'AFP.

Un entrepreneur a expliqué, sous couvert de l'anonymat, ne pas avoir effectué son devoir électoral car ce référendum "sent l'arnaque".

"J'ai voté +oui+ car c'est la promesse d'un changement, avec des nouvelles têtes et un Etat moins budgétivore", a estimé pour sa part Soilihi Ali Said, la quarantaine, dans la capitale Moroni transformée en ville morte.

L'issue du référendum fait peu de doute compte tenu du boycott de l'opposition, qui dénonce un scrutin "taillé sur mesure" pour le président Azali Assoumani.

Dans ces conditions, le référendum s'est déroulé dans un climat tendu.

Référendum sous haute tension politique aux Comores (vidéo)
Attendez s'il vous plaît

No media source currently available

0:00 0:02:03 0:00

Lundi, les urnes en plastique ont été saccagées dans deux bureaux de vote situés dans une école du quartier de Hankounou à Moroni, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Lors de cet incident, un gendarme a été blessé à l'arme blanche et hospitalisé, un acte rapidement condamné par le chef de l'Etat et l'opposition.

"Ce sont des cas isolés", a assuré Azali Assoumani, faisant aussi état d'"un cas" de troubles sur l'île d'Anjouan.

"Mais ce n'est pas de nature à faire en sorte que le référendum ne se passe pas dans les meilleures conditions", a-t-il ajouté à la mi-journée depuis son village de Mitsoudjé, dans le sud de Moroni.

"Si le référendum passe, on va aller vers un développement du pays", a-t-il lancé, vêtu d'une chemise aux tons orangés.

Climat délétère

Les résultats du scrutin pourraient être annoncés dans la nuit de lundi à mardi, selon les autorités.

Mais pour l'opposition, qui a jugé le référendum "illégal", le pouvoir a d'ores et déjà "enregistré un échec", a réagi lundi soir le secrétaire général du parti Juwa, Ahmed el-Barwane.

"Le peuple lui a envoyé un message fort en ne se rendant pas aux urnes", a-t-il estimé. "Azali ne peut pas se référer à ce prétendu référendum pour imposer" un changement constitutionnel, a-t-il ajouté à l'AFP.

Si le "oui" l'emporte, le président Azali, élu de justesse en 2016, compte organiser dès 2019 une élection anticipée, ce qui lui permettrait de rester au pouvoir jusqu'à au moins 2024.

Il a déjà occupé la fonction suprême de 1999 à 2006 à la suite d'un putsch, avant de céder démocratiquement le pouvoir.

Depuis des mois, l'opposition dénonce les "dérives autoritaires" du président, qui culminent avec le référendum.

Des opposants ont été arrêtés, des manifestations réprimées, l'ancien chef de l'Etat Ahmed Abdallah Sambi assigné à résidence et la Cour constitutionnelle suspendue.

"La stratégie de verrouillage de l'espace démocratique initiée par le pouvoir s'amplifie", se sont récemment inquiétées des organisations de la société civile dans un communiqué conjoint.

"Ce climat délétère, le peu d'enthousiasme du scrutin, ajoutés au fait que l'opposition et les organisations de la société civile ne seront pas présentes dans les structures électorales, font planer une grande incertitude sur l'issue et la transparence", ont-elles ajouté.

Signe des tensions dans l'archipel, l'un des vice-présidents, Abdou Moustoidrane, a été victime il y a une semaine d'une tentative d'assassinat. Sa voiture a essuyé plusieurs rafales d'arme automatique, il s'en est miraculeusement sorti indemne.

Avec AFP

XS
SM
MD
LG