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Ryad ne doit pas faire de l'Irak un "champ de bataille" avec l'Iran, selon l'ICG


Des partisans de Moqtada Sadr brûlent en effigie le roi Salmane d'Arabie saoudite, Bagdad, Irak, le 4 janvier 2016.
Des partisans de Moqtada Sadr brûlent en effigie le roi Salmane d'Arabie saoudite, Bagdad, Irak, le 4 janvier 2016.

L'Arabie saoudite doit éviter de transformer l'Irak en "nouveau champ de bataille dans sa guerre froide" contre Téhéran, mais plutôt faire de ce pays un théâtre de désescalade avec son rival iranien, a estimé mardi le centre d'analyses International Crisis Group (ICG).

Situé entre les deux puissances rivales du Moyen-Orient --l'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite--, l'Irak pourrait connaître une recomposition politique avec la victoire aux législatives de l'outsider Moqtada Sadr.

Ce turbulent leader chiite nationaliste a multiplié les bravades à l'encontre de l'Iran dont la dernière en date est sa visite très remarquée l'année dernière à Ryad.

Une liste d'anciens combattants soutenus par l'Iran est arrivée deuxième lors du scrutin en Irak, pays très lié à son voisin chiite, faisant craindre de nouvelles tensions par procuration entre Téhéran et Ryad qui s'affrontent déjà indirectement dans des conflits au Yémen et en Syrie.

"En projetant son influence en Irak, Ryad doit résister à la tentation de transformer ce pays en nouveau champ de bataille dans sa guerre froide avec Téhéran", avertit l'ICG.

>> Lire aussi : Surenchères et tensions font craindre une escalade au Moyen-Orient

Les relations se sont considérablement réchauffées entre l'Arabie saoudite et l'Irak depuis l'année dernière avec une série de visites de responsables des deux pays, la réouverture pour la première fois depuis 27 ans d'un poste-frontière et la reprise des vols commerciaux. En mars, le roi saoudien Salmane a promis à l'Irak la construction d'un stade pouvant accueillir 100.000 personnes.

L'intérêt renouvelé des Saoudiens "vient d'un désir de contrer l'influence iranienne" dans ce pays à majorité chiite, mais les Irakiens --même ceux qui critiquent l'influence iranienne-- "veulent empêcher que leur pays ne devienne un nouveau théâtre d'hostilités saoudo-iraniennes", souligne l'ICG.

"La puissance financière du royaume (saoudien) lui donne de la force, mais pas suffisamment pour imposer ses vues", juge le centre de réflexion basé à Bruxelles, tout en se félicitant du nouvel engagement de Ryad en Irak après une absence diplomatique d'un quart de siècle.

Si les Saoudiens essaient de faire les choses trop vite, ils pourraient se retrouver embourbés dans "la bureaucratie et la corruption" ou "même susciter une réaction iranienne", avertit l'ICG.

L'ONG leur conseille de contribuer à renforcer l'Etat irakien, objectif auquel aspirent de nombreux citoyens, et les efforts devraient porter sur la reconstruction, la création d'emplois et le commerce, ainsi que sur la réconciliation entre les communautés.

A cet égard, le rapport souligne que Ryad devrait envisager des mesures pour "reconnaître publiquement la pratique religieuse chiite comme une école de l'islam, notamment "en mettant en sourdine la rhétorique antichiite de religieux basés en Arabie saoudite".

L'ICG recommande aussi à Téhéran d'"encourager les efforts de l'Irak visant à diversifier ses alliances régionales".

Avec AFP

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