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Rejet de l'appel d'un chanteur nigérian condamné à mort pour "blasphème"


Des officiers montent la garde devant la prison maximale de Kuje à la suite d'une attaque rebelle à Kuje, au Nigeria, le 6 juillet 2022.
Des officiers montent la garde devant la prison maximale de Kuje à la suite d'une attaque rebelle à Kuje, au Nigeria, le 6 juillet 2022.

Une cour d'appel du nord du Nigeria a rejeté mercredi l'appel interjeté par un chanteur de 24 ans condamné à mort par pendaison pour "blasphème" par un tribunal islamique en août 2020, dans un jugement rendu via l'application zoom.

Trois juges de la cour d'appel de la ville de Kano ont rejeté l'appel de Yahaya Aminu Sharif, condamné deux ans plus tôt par un tribunal islamique à la peine capitale pour avoir insulté le Prophète musulman dans l'une de ses chansons.

Après la diffusion début 2020 de cette chanson sur les réseaux sociaux, des milliers de personnes étaient descendues dans les rues de la ville de Kano pour réclamer son arrestation. La foule avait même brulé sa maison familiale.

Dans l'islam, le blasphème, en particulier contre le prophète, est passible de la peine de mort selon la charia. La loi islamique a été instaurée en 2000 dans 12 Etats du nord nigérian.

Ces tribunaux islamiques, qui fonctionnent parallèlement au système judiciaire étatique, ont déjà prononcé des condamnations à mort pour adultère, blasphème ou homosexualité, sans qu'aucune exécution n'ait eu lieu jusqu'à présent.

Après sa condamnation, Yahaya Aminu Sharif avait déposé un recours devant la cour d'appel de la ville de Kano. Lui et son conseil demandaient à la justice de l'Etat de Kano de rejeter la légalité de la charia au nom de la Constitution laïque du Nigeria et un nouveau procès devant un tribunal de droit commun.

"La tentative des appelants de prouver l'illégalité de la charia est sans fondement (...) et l'affaire est rejetée", a déclaré sur Zoom le juge d'appel fédéral Abubakar Mu'azu Lamido, a constaté un journaliste de l'AFP.

M. Sharif va faire appel de ce jugement devant la Cour suprême du Nigeria, a déclaré à l'AFP son avocat Kola Alapini.

Avec la condamnation du chanteur en août 2020, c'était la deuxième fois qu'une peine de mort était prononcée pour blasphème depuis que plusieurs Etats du nord du Nigeria ont adopté au début des années 2000 une version stricte de la charia.

Abdul Nyass, un religieux appartenant à la même confrérie soufie qu'Ibrahim Said Sharif, avait déjà été condamné à mort pour blasphème par une cour islamique de Kano en 2015.

En avril 2022, un célèbre militant athée nigérian Muhammad Mubarak Bala avait lui été condamné à 24 ans de prison par un tribunal de droit commun du nord du Nigeria, deux ans après son arrestation pour avoir écrit des messages sur Facebook critiquant l'islam et son prophète.

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