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Regain de violence au Soudan du Sud: les élections plus que jamais hypothétiques


ARCHIVES - Des jeunes de la tribu des Luo Nuer portent leurs armes à feu dans le comté de Yuai Uror, au Soudan du Sud, le 23 juillet 2013.
ARCHIVES - Des jeunes de la tribu des Luo Nuer portent leurs armes à feu dans le comté de Yuai Uror, au Soudan du Sud, le 23 juillet 2013.

Une explosion de violence au Soudan du Sud fait craindre que le fragile accord de paix de 2018 ne s'effondre avant les élections que la communauté internationale espérait pouvoir organiser l'année prochaine.

Au Soudan du Sud, s'il est vrai que le président Salva Kiir et le vice-président Riek Machar continuent de travailler au sein du même gouvernement à Juba, ailleurs, le pays semble en guerre contre lui-même. Des centaines de personnes ont été tuées depuis le début de l'année dans des violences imputée aux milices, allant des razzias de bétail aux meurtres de représailles à caractère ethnique.

La violence semble s'être aggravée en juin après que le pape François a annulé sa visite, invoquant son problème de genou. Au moins 209 personnes ont été tuées et 33 autres blessées à travers le pays au cours du seul mois de juin, selon CEPO, un groupe de la société civile basé dans la capitale.

Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, lors d'une conférence de presse à Juba, le 9 juillet 2021.
Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, lors d'une conférence de presse à Juba, le 9 juillet 2021.

Au sommet, les deux rivaux que sont Salva Kiir et Riek Machar sont sous pression pour publier le calendrier des élections présidentielles prévues en 2023. Si pour M. Kiir il est possible qu'un scrutin se tienne l'année prochaine, M. Machar a quant à lui déclaré que des élections étaient impossibles dans un contexte d'insécurité aussi généralisée.

Ampleur "alarmante"

Ces derniers jours, les violences ont été les plus graves dans l'État de Warrap, d'où est originaire le président, où l'on compte parmi les victimes un chef du renseignement militaire et un ancien commissaire.

"Nous avons perdu de nombreuses vies dans les violences communautaires", a déclaré M. Kiir dans un discours prononcé début juillet, en évoquant les meurtres perpétrés dans le comté de Tonj North, où des hommes armés ont tué 30 soldats le 25 juin.

Les affrontements de Tonj North ont éclaté après que les autorités de ce comté ont envoyé des forces de sécurité pour récupérer le bétail volé par des pillards venus d'un autre comté. Dans d'autres cas, des affrontements mortels ont été déclenchés par des tentatives de désarmer les jeunes.

Le vice-président du Soudan du Sud, Riek Machar, lors d'une conférence de presse à Juba, le 5 avril 2020.
Le vice-président du Soudan du Sud, Riek Machar, lors d'une conférence de presse à Juba, le 5 avril 2020.

La violence entrave aussi les efforts déployés sur le plan humanitaires dans les communautés qui ont un besoin urgent de nourriture, de médicaments et d'autres nécessités.

"L'ampleur du conflit interne qui s'étend désormais du nord au sud et de l'est à l'ouest, est alarmante", a déclaré Nicholas Haysom, le représentant de l'ONU au Soudan du Sud, au Conseil de sécurité le mois dernier.

Plus de 80 % des victimes civiles cette année sont "attribuées à la violence intercommunautaire et aux milices communautaires", a-t-il déclaré. "Cette violence divise les communautés et entrave la réconciliation", a-t-il ajouté.

Le Soudan du Sud, riche en pétrole, a obtenu son indépendance du Soudan en 2011 après un long conflit. Mais le pays a glissé dans une guerre civile en décembre 2013, largement fondée sur des divisions ethniques. Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées dans cette guerre, qui s'est terminée par l'accord de paix de 2018. Mais les termes de cet accord n'ont pas été pleinement mis en œuvre, et la violence persistante l'affaiblit encore plus.

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