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Éruption du Nyiragongo en 2021: où est passée l'aide promise aux sinistrés ?


Quelques cabanes des déplacés sur le territoire de Nyiragongo, en RDC, en septembre dernier.
Quelques cabanes des déplacés sur le territoire de Nyiragongo, en RDC, en septembre dernier.

Les habitants de Goma et du territoire de Nyiragongo dans le Nord-Kivu se souviennent de l'éruption volcanique du 22 mai 2021, il y a un an. Aujourd'hui, les sinistrés continuent de vivre dans l'impasse et les députés dénoncent le détournement de l'aide gouvernementale.

Nous sommes à Buhene, une agglomération à cheval entre la ville de Goma et le territoire de Nyiragongo. Sur la pierre, de la lave desséchée depuis l'éruption du volcan l’an dernier. Jean-Paul Kamate, la soixantaine, surveille ses petits-fils qui réhabilitent son abri provisoire endommagé par la pluie. Ce rescapé garde un souvenir très amer de l'éruption volcanique d'il y a un an: la perte de tous ses biens.

"Je suis déjà trop vieux, et avant l'éruption volcanique j'avais tout juste des moyens suffisants. Actuellement je n'ai plus rien, et je n'ai reçu aucune aide du gouvernement", confie-t-il.

Il a dû vendre son champs dans son village de Lubero pour réinstaller cet abri sur la lave. Le gouverneur de province et les volcanologues avaient interdit jusqu'à nouvel ordre toute construction sur place, mais à cause de leurs conditions de vie difficiles, ces sinistrés, réfugiés dans des sites de cantonnement ou des familles d'accueil, n'ont pas attendu le feu vert des autorités. ​

 Un an après l'éruption du Nyiragongo, les sinistrés attendent toujours les aides promises
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"Pour que je remette cet abri ici, il m'a fallu prendre un crédit dans notre association des femmes pour le développement", témoigne Claudine Sifa, une sinistrée qui est aussi revenue sur sa parcelle. "Des sites de cantonnement sont remplis de malins qui ne sont même pas des sinistrés. Nous les vrais sinistrés, cherchons à tout prix à revenir occuper nos parcelles. Nous étions six réfugiés dans une famille d'accueil qui était déjà composée de huit personnes. C'est ainsi que j'ai décidé de revenir dans cet abri, vu qu'il n'y a pas d'autres choix", précise-t-elle.

Enquête parlementaire ?

Depuis l'éruption du volcan il y a un an, différentes délégations du gouvernement central sont venues de Kinshasa avec mission de porter assistance aux victimes et les prétendus bénéficiaires se sont plaints. Le député de Goma Hubert Furuguta, pas indifférent sur le sujet, évoque le détournement des aides et appelle à l'ouverture d'une enquête parlementaire.

"Nous demandons à ce que la présidence de la République nous laisse mener des enquêtes auprès des services qui étaient impliqués dans l'acheminement de cette aide, afin de mener un contrôle parlementaire et dégager les responsabilités", martèle-t-il. "Les gens ne peuvent pas continuer à souffrir comme ça alors que l'État congolais avait déjà déboursé des moyens destinés à leur assistance".

Une année après, le volcan Nyiragongo et tous les autres situés sur la chaîne de montagne de Virunga restent sous haute surveillance, rassure Kasereka Mahinda Célestin, le directeur scientifique de l'observatoire volcanologique de Goma.

"Il n'y a aucune inquiétude en ce moment puisque le volcan est dans son activité normale, l'extérieur n'est pas menacé, explique-t-il. "Je peux rassurer la population, elle peut vaquer librement à ses occupations. Ce que nous avons vécu, je pense que nous ne le vivrons plus si jamais nos équipements sont bien gardés".

"Je ne dis pas qu'il n'y aura plus d'éruption, car avec ou sans nous elle finira par arriver", précise-t-il. "Mais à ce moment, avec les techniques dont nous disposons, nous pourrons cette fois-ci informer la population".

L'éruption du volcan Nyiragongo l’an dernier avait causé d'énormes dégâts matériels et humains, notamment la mort de plus de 30 personnes et le déplacement des milliers d'autres.

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