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A Goma, où l'enterrement coûte cher, des corps abandonnés dans les morgues


Les pierres tombales du cimetière privé de Makao situé au nord de la ville de Goma, RDC, le 21 février 2022.
Les pierres tombales du cimetière privé de Makao situé au nord de la ville de Goma, RDC, le 21 février 2022.

Dans l’est de la RDC, à Goma, capitale du Nord-Kivu, l'inhumation des défunts issus de familles pauvres est devenu un casse-tête. Cette ville n’a plus de cimetière public. Des particuliers investissent dans la création de ces lieux de repos éternel et ils font donc payer cher leurs tombes.

De nombreuses familles à Goma ont des difficultés à enterrer leurs proches. Les cimetières publics sont rares ou ne sont plus opérationnels. Récemment, Jean-Claude Kalemekwa, un habitant de la ville, a perdu son frère et garde un très mauvais souvenir de son enterrement.

"Nous avons été obligés de payer 900 dollars américains pour sa tombe. En attendant, nous serons confrontés à des familles qui abandonnent les corps dans les morgues des hôpitaux parce qu'elles n'en ont pas les moyens", révèle-t-il.

Pour les militants des droits de l'homme, c’est une double douleur. Déjà perdre quelqu’un de proche est très dur mais devoir payer très cher pour l’enterrer est inqualifiable.

"Nous sommes inquiets de voir que les familles pauvres n'ont plus droit à l'inhumation, et que perdre une personne à Goma, c'est dépenser au-delà même de sa fortune", fustige Jacques Sinzaera, un activiste du mouvement citoyen Amka Congo.

Les deux cimetières publics de la ville ont déjà été fermés par les autorités, ce qui a favorisé les propriétaires des cimetières privés qui ont maintenant le monopole des services funéraires. Ils gonflent parfois le coût de l'inhumation, selon les habitants.

Jean Claude Bazadi, un des gérants des cimetières privés, explique le coût élevé de leurs services par la qualité qu'ils offrent à leurs clients, contrairement aux cimetières publics.

"Nous avons créé ce nouveau cimetière moderne pour répondre aux besoins de la population de Goma et ses environs, le besoin d'une sépulture digne de nos proches qui nous ont précédés. Contrairement dans les cimetières publics où on déterrait les morts", explique-t-il.

Les autorités envisagent une solution

Les autorités provinciales ont annoncé l'ouverture prochaine de deux nouveaux cimetières publics, afin de permettre à chaque famille, selon ses moyens, d'enterrer dignement ses proches. Ceci a été aussi confirmé par Bienvenue Kulimushi, un agent du service de l'urbanisme de la province du Nord-Kivu.

"Cette question n'a pas échappé à l'attention des autorités au niveau provincial, c'est pourquoi dans quelques semaines, deux nouveaux cimetières publics seront inaugurés sur le territoire de Nyiragongo, car comme vous le savez, la ville de Goma ne dispose d'aucun espace pouvant actuellement contenir un cimetière. Par conséquent, les habitants de Goma et de ses environs auront très bientôt deux cimetières publics à leur disposition", rassure-t-il.

En attendant que cette promesse se matérialise, certaines familles qui ne trouvent pas le moyen d'enterrer leurs proches préfèrent les enterrer dans des villages à des dizaines de kilomètres de la ville de Goma.

A Goma, les cimetières privés hors de prix
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