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RDC : l'opposant Katumbi sera jugé pour atteinte à la sûreté de l'État


Moïse Katumbi, candidat déclaré à la succession du président Joseph Kabila, marche avec ses partisans vers le palais de justice pour une audience, à Lubumbashi, RDC, 9 mai 2016.
Moïse Katumbi, candidat déclaré à la succession du président Joseph Kabila, marche avec ses partisans vers le palais de justice pour une audience, à Lubumbashi, RDC, 9 mai 2016.

La justice congolaise a annoncé jeudi l'ouverture prochaine d'un procès pour atteinte à la sûreté de l'État contre l'opposant Moïse Katumbi, candidat déclaré à la succession du président Joseph Kabila, qu'un récent arrêt autorise à se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son mandat fin 2016.

M. Katumbi "a été inculpé du chef d'atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l'État [...] et placé sous mandat d'arrêt provisoire", indique un communiqué du parquet général de la République démocratique du Congo (RDC).

En RDC, l'inculpation équivaut à la fin de la phase d'instruction. M. Katumbi, 51 ans, est donc désormais en attente d'un procès, dont la date n'a pas encore été annoncée.

Au vu des chefs d'accusation retenus contre lui, M. Katumbi encourt la peine de mort (systématiquement commuée en prison à vie en vertu d'un moratoire sur l'application de la peine capitale en RDC), a indiqué à l'AFP Sam Bokolombe, professeur de droit pénal à l'Université de Kinshasa.

Ex-allié de poids du président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, M. Katumbi est passé à l'opposition en septembre en même temps qu'il démissionnait de ses fonctions de gouverneur du Katanga (province du sud-est de la RDC démantelée depuis lors) et qu'il accusait M. Kabila de chercher à violer la Constitution pour se maintenir au pouvoir.

Il a officialisé sa candidature à la présidentielle censée avoir lieu avant la fin de l'année le 4 mai, quelques heures seulement après que le gouvernement eut annoncé l'ouverture d'une enquête le visant pour "recrutement de mercenaires" à la suite de l'arrestation de quatre de ses gardes du corps, parmi lesquels un Américain.

'On va le coffrer'

M. Katumbi a été admis il y a quelques jours dans une clinique de Lubumbashi. Du côté du pouvoir, on estime qu'il joue au malade imaginaire pour échapper à la justice.

Le communiqué du parquet indique que M. Katumbi "étant actuellement admis dans un centre hospitalier", il lui est "loisible avec le concours de ses médecins traitant de se faire prendre en charge par des institutions médicales appropriées ainsi que l'a suggéré le médecin légiste requis".

Le sort réservé à l'opposant "dépend [maintenant] de l'appréciation de la justice", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende : "ça peut être la résidence surveillée ou une incarcération".

De source judiciaire, on indique que le parquet laisse ouverte la possibilité d'une assignation de M. Katumbi à l'hôpital.

"Mais s'il y a des attroupements, s'il y a des discours incendiaires, on va le coffrer", a-t-on averti de même source.

Un expert judiciaire estime que le parquet offre également la possibilité au président-propriétaire du célèbre club de football TP Mazembe, de sortir du pays pour se faire soigner à l'étranger.

"Pour Katumbi, cela peut se finir de quatre façons : (1) assignation à résidence, (2) soins médicaux à l'étranger sans possibilité de retour, (3) prison, (4) affrontement", estime Jason Stearns, chercheur spécialiste du Congo à l'Université de New York.

La solution 2 "est attrayante pour les deux parties [M. Katumbi et le gouvernement, ndlr] à l'heure actuelle", ajoute-t-il dans une série de messages publiés sur Twitter.

Réunis autour de M. Katumbi à l'hôpital, trois de ses avocats ont quitté les lieux vers 19H00 (17H00 GMT) sans faire de déclaration à la presse.

Le climat politique est tendu depuis des mois en RDC en raison de l'incertitude liée au très probable report de la présidentielle alors que la Constitution interdit à M. Kabila de se représenter.

Les relations sont également tendues entre Kinshasa et l'ONU et les Occidentaux, qui demandent avec insistance la tenue de la présidentielle dans les temps et le respect de la Constitution.

Le 11 mai, dans un arrêt qualifié d'"imposture" par un grand parti d'opposition, la Cour constitutionnelle a autorisé M. Kabila à se maintenir à la tête de l'État au-delà de la fin de son mandat (le 19 décembre) si l'élection n'est pas organisée d'ici là.

Avec AFP

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