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RDC: 20 ans de prison requis contre le journaliste Stanis Bujakera


Depuis l'arrestation de Stanis Bujakera, également correspondant de l'agence de presse internationale Reuters et directeur adjoint du média en ligne congolais Actualité.cd, les appels se sont multipliés, en vain, pour sa libération. (Photo MARCO LONGARI / AFP)
Depuis l'arrestation de Stanis Bujakera, également correspondant de l'agence de presse internationale Reuters et directeur adjoint du média en ligne congolais Actualité.cd, les appels se sont multipliés, en vain, pour sa libération. (Photo MARCO LONGARI / AFP)

Six mois jour pour jour après son arrestation, l'accusation a requis vendredi à Kinshasa 20 ans de prison contre le journaliste congolais Stanis Bujakera, jugé pour un article ayant mis en cause les renseignements militaires dans la mort d'un opposant.

"Vous allez le condamner à 20 ans de servitude pénale principale", notamment pour contrefaçon, faux en écriture, usage de faux, propagation de faux bruits, a déclaré le procureur Serge Bashonga au tribunal siégeant dans l'enceinte de la prison où est détenu le journaliste.

Le réquisitoire du ministère public a été immédiatement suivi des plaidoiries de la défense, qui conteste toutes les accusations portées contre Stanis Bujakera. "Quand vous allez vous retirer (...), vous l'acquitterez", a lancé aux juges un de ses avocats, Me Papy Niango. "Je sollicite mon acquittement total", a également déclaré le journaliste.

Le tribunal rendra sa décision d'ici le 20 mars, a ensuite annoncé son président. Correspondant à Kinshasa du magazine Jeune Afrique, Stanis Bujakera a été arrêté le 8 septembre et est jugé depuis octobre, à raison d'une audience toutes les deux ou trois semaines. Il est accusé "d'avoir fabriqué et distribué" une note des renseignements civils incriminant les renseignements militaires dans la mort de Chérubin Okende, dont le corps ensanglanté avait été retrouvé le 13 juillet dernier dans sa voiture.

C'est sur cette note que se basait l'article de Jeune Afrique, non signé de Stanis Bujakera, qui lui a valu son arrestation. Durant l'audience de vendredi, le procureur a estimé que cet article avait été écrit "à des fins politiques", pour "imputer (la mort de Chérubin Okende) au président de la République (Félix Tshisekedi), à ses proches".

Le 29 février, le parquet a annoncé que "l'autopsie" et "les expertises" avaient établi que l'opposant s'était "suicidé", loin de la thèse de l'assassinat avancée par son parti qui s'était aussitôt indigné d'un "déni de justice".

"Acharnement"

Le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, avait ensuite déploré "les commérages" autour de cette affaire et menacé d'arrestation quiconque contesterait publiquement les conclusions du parquet.

Depuis l'arrestation de Stanis Bujakera, également correspondant de l'agence de presse internationale Reuters et directeur adjoint du média en ligne congolais Actualité.cd, les appels se sont multipliés, en vain, pour sa libération.

Le 22 février, une déclaration de Félix Tshisekedi avait fait naître l'espoir d'un élargissement du journaliste. Le président, estimant que Stanis Bujakera était "peut-être victime" des "tergiversations" d'une justice "malade", avait alors annoncé son intention de "mettre son nez" dans le dossier.

Le lendemain, ses avocats déposaient une nouvelle demande de libération, mais celle-ci était rejetée, comme toutes les précédentes. Amnesty International, jugeant que le journaliste avait été arrêté "sur la base d'accusations forgées de toutes pièces", a une nouvelle fois demandé vendredi, à l'occasion de ses six mois de détention, sa "libération immédiate".

"Son maintien en détention arbitraire s'apparente à un acharnement judiciaire, destiné à envoyer un message effrayant aux autres journalistes et à toutes les voix libres en RDC. Cette parodie doit cesser", a déclaré dans un communiqué Sarah Jackson, directrice régionale adjointe d'Amnesty pour l'Afrique de l'Est et australe.

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