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Réforme constitutionnelle au Togo: les députés tentent d'apaiser les tensions


Le président Faure Gnassingbé (centre) est au pouvoir depuis 2005 à la suite de son père qui a passé près de 38 ans à la tête de l'Etat.
Le président Faure Gnassingbé (centre) est au pouvoir depuis 2005 à la suite de son père qui a passé près de 38 ans à la tête de l'Etat.

Les députés togolais ont entamé lundi une "tournée d'information et d'écoute des populations" sur la nouvelle constitution, texte qui suscite une forte tension politique dans le pays depuis son adoption fin mars.

Cette réforme qui vise à faire passer le pays d'un régime présidentiel à un régime parlementaire est contestée par l'opposition et par la société civile, qui la qualifient de "coup d'Etat constitutionnel" et y voient une manœuvre du président pour se maintenir au pouvoir.

Devant le tollé provoqué par l'adoption surprise de la nouvelle Constitution par les députés le 25 mars, le président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 à la suite de son père qui a passé près de 38 ans à la tête de l'Etat, a demandé que le texte soit examiné à nouveau à l'Assemblée et a décidé de reporter les élections législatives et régionales prévues le 20 avril, sans fixer de nouvelle date.

A la suite de cette annonce, l'opposition et la société civile ont appelé à trois journées de manifestations les 11, 12 et 13 avril. Lundi après-midi, huit députés ont rencontré les chefs traditionnels de deux préfectures de Lomé pour vanter les mérites du nouveau texte constitutionnel, coup d'envoi d'une tournée d'information dans tout le pays qui durera plusieurs jours.

"L'Assemblée nationale doit tout faire pour que cette révision constitutionnelle ne porte pas préjudice au climat de paix que nous vivons depuis un certain temps dans le pays", a déclaré à la presse Togbui Mawuto Frédéric Dzidzoli Detu X, président du Conseil national des chefs traditionnels du Golfe et de la région maritime. "Cette démarche vise à prouver à la population que nous sommes à l'écoute", a expliqué Mémounatou Ibrahima, deuxième vice-présidente de l'Assemblée nationale.

"Un vote illégal"

Dans les rangs de l'opposition, la démarche ne convainc pas. "Tout ce qui se fait en ce moment par les députés arrivés en fin de leur mandat est illégal. On aurait mieux compris si cette démarche (la tournée d'information, Ndlr) avait précédé leur vote illégal du 25 mars", a déclaré à l'AFP Gérard Adja, secrétaire exécutif de la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP, regroupement de partis d'opposition et d'organisations de la société civile).

Le Nouvel Engagement Togolais, un parti d'opposition représenté à l'Assemblée, a refusé de participer à la tournée d'information et a "exhorté" le chef de l'État à abandonner la réforme constitutionnelle, dans un communiqué lundi. L'opposition, qui a boycotté les précédentes élections législatives de 2018, avait prévu de participer au scrutin du 20 avril et de mobiliser en masse ses sympathisants.

En vertu de la nouvelle Constitution, il revient au parlement togolais d'élire le président de la République, qui est privé de toute prérogative, "sans débat" et "pour un mandat unique de six ans". Selon le nouveau texte, le pouvoir résidera entre les mains d'un "président du Conseil des ministres", sorte de Premier ministre "désigné" par les députés, en charge des fonctions régaliennes. Son mandat doit être de six ans, sans qu'il soit précisé s'il sera renouvelable ou non.

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