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Un pasteur américain réfute les accusations au début de son procès en Turquie


Andrew Brunson, missionnaire protestant en Turquie depuis plus de 20 ans, ici avec sa femme, Norine Brunson, dans cette photo non datée.
Andrew Brunson, missionnaire protestant en Turquie depuis plus de 20 ans, ici avec sa femme, Norine Brunson, dans cette photo non datée.

Un pasteur américain, détenu en Turquie depuis un an et demi pour activités "terroristes" présumées, a rejeté toutes les accusations portées contre lui à l'ouverture de son procès, suivi de près par Washington.

A l'issue de cette première journée d'audience au complexe pénitentiaire d'Aliaga, dans la province d'Izmir dans l'ouest de la Turquie, le tribunal a décidé le maintien en détention de l'accusé en invoquant un risque de fuite.

Durant l'audience, M. Brunson a fondu en larmes.

"Je n'ai rien fait contre la Turquie. Au contraire, j'aime la Turquie, je prie pour elle depuis 25 ans", a-t-il déclaré au tribunal en turc.

Installé en Turquie depuis 1993, l'homme de 50 ans dirigeait avec son épouse une église protestante à Izmir lorsqu'il a été arrêté par les autorités turques en octobre 2016. Il est maintenu en détention depuis.

>> Lire aussi : Erdogan propose à Washington d'échanger Gülen contre un pasteur américain

Le pasteur est notamment accusé d'avoir agi pour le compte du réseau du prédicateur Fethullah Gülen, à qui Ankara impute le putsch manqué de juillet 2016, mais aussi pour le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ces deux organisations sont considérées comme "terroristes" par la Turquie.

Installé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d'années, M. Gülen nie toute implication dans le putsch manqué mené dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016.

"Ce serait une insulte à ma religion. Je suis chrétien, je ne rejoindrais pas un mouvement islamique (le réseau de M. Gülen)", s'est défendu M. Brunson.

Il est également accusé d'espionnage à des fins politiques et militaires. "Je n'ai jamais été impliqué dans des activités d'espionnage", a-t-il répliqué.

"Son droit à la liberté et la sécurité est violé depuis longtemps. En premier lieu, nous espérons obtenir sa libération", a affirmé dimanche à l'AFP son avocat, Cem Halavurt. "Nous pensons qu'il sera finalement acquitté, puisque nous sommes persuadés de son innocence".

S'il est reconnu coupable, M. Brunson risque jusqu'à 35 ans d'emprisonnement.

Sa femme, Norine Brunson, était présente lundi, selon une journaliste de l'AFP, ainsi que le sénateur américain Thom Tillis et l'ambassadeur spécial des Etats-Unis pour la liberté religieuse internationale, Sam Brownback.

'Espoir'

"Il a des attentes et de l'espoir, mais bien sûr il est aussi triste, parce qu'il est innocent", rapporte son avocat. "Il a été emprisonné pour rien depuis trop longtemps".

Les accusations retenues contre lui sont toutefois moins lourdes que celles énoncées dans un premier acte d'accusation publié le 13 mars: M. Brunson y était accusé d'être membre de l'organisation guléniste, et risquait la prison à vie.

L'acte d'accusation énonce désormais clairement qu'il n'est pas poursuivi pour appartenance à un groupe terroriste, que ce soit celui de Fethullah Gülen ou le PKK.

Installé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d'années, M. Gülen nie toute implication dans le putsch manqué mené dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016.

La détention de M. Brunson est l'un des principaux dossiers qui enveniment les relations entre les Etats-Unis et la Turquie.

Les rapports entre les deux pays, alliés au sein de l'Otan, se sont nettement dégradés, notamment en raison du soutien apporté par Washington à une milice kurde syrienne considérée comme "terroriste" par Ankara, et de l'arrestation en Turquie de deux employés de missions américaines.

Par ailleurs, la Turquie a demandé à plusieurs reprises l'extradition de Fethullah Gülen, sans succès.

Prières

En septembre dernier, le président Recep Tayyip Erdogan a suggéré que la Turquie pourrait libérer Andrew Brunson si les Etats-Unis lui remettait M. Gülen.

"Ils (les Américains) nous disent : +Donnez-nous le pasteur+. Mais vous aussi, vous avez un religieux (Gülen). Remettez-le nous et nous jugerons (le pasteur) et vous le rendrons", avait-il déclaré.

Washington oeuvre pour la libération du pasteur mais a toujours rejeté l'idée d'un échange.

Les autorités américaines ont en revanche discrètement abandonné les poursuites visant 11 agents de sécurité de M. Erdogan accusés d'avoir agressé des manifestants pro-kurdes à Washington, lors d'une visite du président turc en mai 2017.

Deux partisans du président turc jugés dans la même affaire doivent par ailleurs être libérés prochainement, après avoir été condamnés à 366 jours de prison.

Un responsable américain, parlant à l'AFP sous couvert d'anonymat, a souligné que Washington prenait "au sérieux" son obligation de venir en aide à ses citoyens arrêtés à l'étranger.

"Nous espérons que la justice turque résoudra cette affaire de façon juste et raisonnable", a-t-il ajouté.

Le pasteur Brunson avait initialement été arrêté avec son épouse, Norine Brunson, mais celle-ci a été relâchée en décembre 2016.

"S'il vous plaît, priez pour que la corde qui lie Andrew soit dénouée", a-t-elle écrit dans un message publié sur une page Facebook de soutien à son mari.

Avec AFP

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