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Prison avec sursis pour l'opposant russe Navalny


Alexeï Navalny, figure de proue des grandes manifestations de l'hiver 2011-2012 contre le président Vladimir Poutine (AP)
Alexeï Navalny, figure de proue des grandes manifestations de l'hiver 2011-2012 contre le président Vladimir Poutine (AP)

A Washington, le département d'Etat parle de faits troublants qui semblent "destinés à punir et à dissuader le militantisme politique".

MOSCOU (Reuters) - L'opposant russe Alexeï Navalny, jugé coupable de détournement de fonds, a été condamné mardi à trois ans et demi de prison avec sursis et la même peine, ferme cette fois, a été infligée et son frère au terme d'un procès qu'il juge "politique".

Plusieurs centaines de ses partisans se sont rassemblés face au Kremlin après ce verdict et Navalny, venu les rejoindre malgré son assignation à résidence, a été rapidement interpellé et reconduit chez lui. Une centaine de personnes ont été arrêtées au cours des opérations de dispersions.

Le parquet avait requis il y a dix jours une peine de dix ans de prison à l'encontre d'Alexeï Navalny, figure de proue des grandes manifestations de l'hiver 2011-2012 contre le président Vladimir Poutine.

Lui et son frère étaient accusés d'avoir volé 30 millions de roubles (410.000 euros) entre 2008 et 2012 à deux entreprises, dont une filiale du groupe français de cosmétiques Yves Rocher.

Pour ses partisans, mettre Alexeï en prison aurait pu donner lieu à de nouvelles manifestations, c'est donc par l'intermédiaire de son frère que la répression s'est exercée.

A Washington, le département d'Etat parle de faits troublants qui semblent "destinés à punir et à dissuader le militantisme politique".

L'Union européenne évoque également un procès politique et le délégué allemand aux droits de l'homme, Christoph Strässer, a dénoncé "un nouveau coup porté à la société civile".

Le Kremlin nie toute responsabilité dans cette affaire. Le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, n'a pas voulu commenter le verdict mardi et a assuré que le président russe en prendrait connaissance en lisant la presse.

Alexeï Navalny n'en a pas moins réitéré ses accusations, mardi au tribunal.

"N'avez-vous pas honte de ce que vous faites?", a demandé le blogueur à la juge Elena Korobtchenko. "Pourquoi envoyez-vous (Oleg) en prison? Pour me punir davantage?"

PAS DE COUVERTURE MÉDIATIQUE

Il avait été condamné l'an dernier à cinq ans de prison avec sursis dans le cadre d'une autre affaire de détournement de fonds que ses partisans jugent "fabriquée" de toutes pièces.

"Les autorités torturent et détruisent les proches de leurs adversaires politiques. Ce régime ne mérite pas d'exister, il doit être détruit", a déclaré l'opposant aux journalistes qui l'attendaient devant le tribunal alors qu'il était conduit vers un véhicule de transport de prisonniers.

Les chaînes de télévision publiques russes n'ont pas couvert le verdict, avancé sans explication du 15 janvier à ce mardi, ou ne l'ont mentionné que brièvement. Les radios et les journaux en ont en revanche fait un de leurs gros titres.

"Il aurait été facile pour les autorités de mettre Navalny en prison, mais elles savent que cela aurait provoqué de grandes manifestations", a commenté l'opposant Mikhaïl Aleksachenko, un ancien banquier central russe, sur la chaîne privée Dojd. "Elles vont donc lui mener la vie dure par d'autres moyens."

L'ex-ministre des Finances Alexeï Koudrine a récemment estimé que la crise économique engendrée par la chute des cours du pétrole et les sanctions occidentales en raison du conflit en Ukraine risquait de provoquer une nouvelle vague de contestation l'an prochain.

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