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Prison ferme pour une Marocaine niant avoir porté plainte pour harcèlement sexuel


Taoufiq Bouachrine, journaliste au quotidien marocain indépendant Akhbar al-Yaoum, arrêté, 23 février 2018. (Facebook/Taoufiq Bouachrine)
Taoufiq Bouachrine, journaliste au quotidien marocain indépendant Akhbar al-Yaoum, arrêté, 23 février 2018. (Facebook/Taoufiq Bouachrine)

Une Marocaine a été condamnée mardi à six mois de prison ferme pour avoir contesté une déposition dans laquelle la police avait noté qu'elle dénonçait le harcèlement sexuel d'un patron de presse local, indique son avocat.

Afaf Bernani, 26 ans, fait partie des 15 parties civiles enregistrées par la justice marocaine comme des victimes présumées de Taoufiq Bouachrine, directeur du quotidien marocain indépendant Akhbar Al-Yaoum, poursuivi pour des violences sexuelles.

Arrêté le 23 février et incarcéré depuis à la prison de Casablanca, M. Bouachrine, un journaliste de 49 ans connu pour des éditoriaux au ton critique, est jugé depuis le 8 mars notamment pour "traite d'êtres humains", "abus de pouvoir à des fins sexuelles", "viol et tentative de viol".

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Afaf Bernani, elle-même salariée du journal, avait nié faire partie des victimes présumées du directeur, contesté le contenu de sa déposition et porté plainte pour "falsification" contre la police judiciaire.

La justice l'a immédiatement poursuivie pour "fausse déposition" et "diffamation", l'officier qui l'avait entendue ayant lui-même déposé plainte contre elle en fournissant un enregistrement de son audition.

Mardi, le tribunal de première instance de Casablanca l'a condamnée à six mois de prison ferme sans la convoquer à l'audience, a indiqué à l'AFP son avocat, maître Mohamed Ziane.

"Je maintiens ma position", a déclaré Afaf Bernani mardi à l'AFP, se disant "étonnée" d'avoir été "condamnée sans être entendue par le tribunal".

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Me Ziane --qui défend également Taoufiq Bouachrine-- a indiqué que sa cliente ferait appel. Selon lui, cette "condamnation est un message aux autres victimes présumées afin qu'elles ne retirent pas leurs plaintes".

Le procureur général du roi près la cour d'appel de Casablanca avait pour sa part affirmé début avril que ce sont celles qui dénoncent le comportement du patron de presse qui subissent "des pressions et des menaces" ou "se voient proposer des arrangements financiers".

"Nous avons le devoir de les protéger (...) à partir du moment où elles apparaissent dans les vidéos saisies, nous les considérons comme des victimes même si elles ne portent pas plainte", avait-il dit.

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L'affaire Bouachrine focalise l'intérêt des médias marocains, avec des salves de réactions et des avis très partagés, du fait de la notoriété de l'accusé et de la gravité des charges.

Les accusations reposent sur des vidéos saisies dans le bureau du directeur au moment de son arrestation et qui n'ont pas été rendues publiques. M. Bouachrine dément en bloc et se dit victime d'un "procès politique".

Avec AFP

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