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Salomé Zourabichvili, première femme présidente de la Géorgie


Salomé Zourabichvili, à Tbilissi, en Géorgie, le 28 novembre 2018.
Salomé Zourabichvili, à Tbilissi, en Géorgie, le 28 novembre 2018.

Salomé Zourabichvili, soutenue par le parti au pouvoir Rêve Géorgien, a été largement élue présidente de la Géorgie selon les résultats complets communiqués jeudi, dans une élection test pour la démocratie de ce pays du Caucase.

L'ancienne diplomate française recueille 59,52% des voix contre 40,48% pour le candidat de l'opposition, Grigol Vachadzé, indiquent les résultats portant sur la totalité des bureaux de vote annoncés par la Commission électorale centrale.

La participation était de 56,23% lors de la fermeture des bureaux de vote mercredi soir dans cette ancienne république soviétique.

La bonne tenue du vote a été observée de près par les pays occidentaux de l'UE ou de l'Otan, deux organisations que la Géorgie aimerait intégrer.

Il s'agit du dernier scrutin présidentiel au suffrage direct, avant de passer à un régime parlementaire. Même si le poste de président est devenu essentiellement symbolique après ces changements constitutionnels, le vote est un test pour le parti au pouvoir.

L'élection préfigure en effet la confrontation à venir lors des législatives de 2020 entre le Rêve géorgien, fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili et qui a pris les rênes du pays en 2012, et le Mouvement national uni, fondé par l'ex-président aujourd'hui en exil Mikheïl Saakachvili.

La France, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, a adressé "ses plus sincères félicitations" à Salomé Zourabichvili.

"La nouvelle présidente pourra compter sur notre détermination à continuer à agir en faveur de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues", précise le communiqué.

La victoire de Mme Zourabichvili a été aussitôt contestée par M. Saakachvili, qui a dénoncé "une fraude électorale massive", dans un communiqué diffusé par la chaîne de télévision Rustavi-2 TV.

"Je demande aux Géorgiens de défendre notre liberté, la démocratie et la loi. Je vous demande d'organiser des rassemblements pacifiques pour exiger des élections législatives anticipées", a-t-il ajouté.

M. Saakachvili a dirigé la Géorgie de 2004 à 2013, après la Révolution de la rose pro-occidentale à Tbilissi en 2003. Ses deux mandats présidentiels ont cependant été ternis par ses attaques contre l'opposition et surtout par la guerre éclair désastreuse avec la Russie en 2008.

En 2013, M. Saakachvili a dû quitter son pays et a été condamné en janvier par un tribunal de Tbilissi par contumace à trois ans de prison pour "abus de pouvoir", ce qu'il conteste dénonçant une attaque politique.

- Fille de réfugiés -

Signe des tensions autour du scrutin, l'opposition a accusé le gouvernement d'intimider des électeurs et affirmé que des militants du Rêve géorgien avaient agressé des membres du parti d'opposition.

Trois ONG géorgiennes, dont la branche locale de Transparency International, ont affirmé la semaine dernière avoir la preuve que le gouvernement avait imprimé de fausses cartes d'identité pour truquer le second tour en faveur de Mme Zourabichvili.

Celle-ci a affirmé de son côté qu'elle et ses enfants avaient reçu des menaces de mort.

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) doit donner une conférence de presse jeudi dans la journée. Les rapports des observateurs électoraux étrangers seront suivis de près par l'opposition.

De nouvelles manifestations pourraient secouer ce pays du Caucase, qui a connu une histoire mouvementée depuis son indépendance en 1991, lors de la fin de l'Union soviétique.

Agée de 66 ans, Mme Zourabichvili est la fille de réfugiés géorgiens installés à Paris en 1921. En 2003, elle arrive en Géorgie en 2003 comme ambassadrice de France.

Élu président en 2004, Saakachvili, à la recherche de cadres expérimentés pour intégrer son administration, la nomme ministre des Affaires étrangères.

Mais au bout d'un an, Salomé Zourabichvili est limogée, malgré des manifestations contre son départ qui rassemblent plusieurs milliers de personnes dans les rues de Tbilissi.

M. Vachadzé, diplomate de carrière et ministre des Affaires étrangères de Mikheïl Saakachvili de 2008 à 2012, a critiqué "le régime oligarchique" mis en place par l'ancien Premier ministre Bidzina Ivanichvili, du Rêve géorgien, alors que le gouvernement échoue à réduire la pauvreté.

Homme le plus riche du pays, Bidzina Ivanichvili, s'est officiellement retiré de la vie politique en 2013 après un an comme chef de gouvernement, mais il reste considéré comme le véritable dirigeant du pays.

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