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Les autorités tchadiennes tentent d'éliminer les discours haineux sur les réseaux sociaux


L'entrée principale de la mairie de N'Djamena, Tchad, le 20 mars 2020. (VOA/André Kodmadjingar)
L'entrée principale de la mairie de N'Djamena, Tchad, le 20 mars 2020. (VOA/André Kodmadjingar)

Au Tchad, les autorités veulent réprimer le partage des discours haineux sur les réseaux sociaux, mais leur approche sévère est remise en question par les analystes qui craignent qu'elle ne produise pas les résultats escomptés.

Au Tchad, le procureur de la république a ouvert une information judiciaire contre les internautes qui diffusent des informations que les autorités jugent tendancieuses.

Selon Youssouf Tom, procureur au tribunal de grande instance de N’Djamena, un groupe de femmes fait circuler des audios sur les réseaux sociaux proférant des menaces et des paroles calomnieuses à l’endroit du pouvoir tchadien.

"Ces individus sont dans la quasi totalité des femmes qui se plaisent à ce jeu dangereux de s’exprimer sur cette tribune libre des réseaux sociaux se livrant ainsi à des joutes oratoires, des insultes ignominieuses, haineuses, déshonorantes, indignes à l’égard des groupes ethniques composant notre population", a-t-il déclaré.

D'après le juriste, ces audios sont envoyées en réponse à l’appel à la solidarité lancé par les autorités de N’Djamena suite à l’attaque de Boko Haram en mars dernier, qui a occasionné la mort de près de 100 soldats tchadiens. Il informe que l'enregistrement et le partage de ce genre d'audios sont une infraction selon les lois en vigueur au Tchad.

Même si bon nombre de Tchadiens soutiennent l'idée de poursuivre en justice les internautes jugés indélicats, certains pensent que les sanctions sont disproportionnées.

C'est l'avis de l’artiste musicien Ngueita Alasko Alfred, alias N2A, qui souhaite que les sanctions soient graduelles. Il propose, par exemple, que les autorités avertissent d'abord les internautes. Des sanctions plus sévères ne devraient être réservées qu'aux récidivistes. N2A précise que les réseaux sociaux sont un moyen crucial pour s'informer, apprendre et se divertir. Ils offrent aussi à la jeunesse un canal par lequel les jeunes peuvent toucher du doigt les problèmes du pays et interpeller les autorités.

"Les réseaux sociaux, c'est une plateforme qui doit permettre de mener des débats citoyens. Mais malheureusement certains compatriotes les utilisent pour pouvoir diviser ce pays", déplore Djida Alain, un activiste. Pour lui, les actions envisagées par le procureur ne sont pas une violation de la liberté d’expression puisqu’il s'agit des informations à caractère haineux, qui sont généralement interdites par les chartes d'utilisation des plateformes telles que WhatsApp, Facebook ou Twitter.

À travers le monde, les pays ont adopté des solutions diverses face aux propos haineux, à la désinformation et à la propagande qui circulent via internet.

À une extrémité du spectre, il y a le modèle chinois, qui filtre presque toutes les communications en ligne. À l'autre extrémité, il y a les pays occidentaux qui imposent aux entreprises de médias sociaux la responsabilité de réprimer les comportements indésirables. Pour le Tchad, le véritable défi sur ce plan est de trouver le juste milieu: permettre un libre accès aux réseaux sociaux basé sur un code de conduite équilibré.

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