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Plus de deux ans de crise violente au Burundi


Des Burundais dans les rues pour célèbrer le retrait du Burundi de la CPI à Bujumbura, le 28 octobre 2017.
Des Burundais dans les rues pour célèbrer le retrait du Burundi de la CPI à Bujumbura, le 28 octobre 2017.

Le Burundi, où la Cour pénale internationale (CPI) a autorisé jeudi l'ouverture d'une enquête pour crimes contre l'humanité, connaît une grave crise depuis la candidature en 2015 du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat controversé et son élection.

Les violences ont fait 500 à 2.000 morts selon les sources (ONU ou ONG), des centaines de cas de disparition forcée et de torture, et ont poussé à l'exil plus de 400.000 Burundais.

Manifestations

Manifestations à Bujumbura, 5 avril 2015.
Manifestations à Bujumbura, 5 avril 2015.

Le 26 avril 2015, des milliers de personnes se réunissent au lendemain de la désignation de M. Nkurunziza par son parti, le CNDD-FDD, comme candidat à la présidentielle. Coup d'envoi de six semaines de manifestations dans la capitale Bujumbura, sévèrement réprimées.

Les contestataires jugent ce 3e mandat contraire à la Constitution et à l'accord d'Arusha ayant permis de mettre fin à la guerre civile (1993-2006). M. Nkurunziza considère que son premier mandat obtenu en 2005 ne compte pas car octroyé par le Parlement dans le cadre d'un mécanisme de sortie de guerre civile.

Tentative de putsch

L’ex-ministre de la Défense, Cyrille Ndayirukiye, au centre, avec des présumés militaires putschistes à Bujumbura, Burundi, 13 mai 2015.
L’ex-ministre de la Défense, Cyrille Ndayirukiye, au centre, avec des présumés militaires putschistes à Bujumbura, Burundi, 13 mai 2015.

Le 13 mai 2015, l'ex-chef d'état-major de l'armée, le général Godefroid Niyombare, proclame la destitution de M. Nkurunziza, en déplacement en Tanzanie.

La tentative de putsch échoue. Pierre Nkurunziza limoge ses ministres de la Défense et des Relations extérieures.

Défections et élection

Le président entrant de l'Assemblée nationale du Burundi Pie Ntavyohanyuma lors du récent forum parlementaire des Grands Lacs, 22 janvier 2015.
Le président entrant de l'Assemblée nationale du Burundi Pie Ntavyohanyuma lors du récent forum parlementaire des Grands Lacs, 22 janvier 2015.

Le 28 juin, le président de l'Assemblée nationale sortante Pie Ntavyohanyuma annonce sa défection depuis Bruxelles.

Son départ s'ajoute à la longue liste d'opposants, journalistes, membres de la société civile mais aussi cadres frondeurs du CNDD-FDD choisissant l'exil.

Le 21 juillet, Pierre Nkurunziza est réélu, après un scrutin boycotté par l'opposition.

Attaques ciblées

Le 2 août, le général Adolphe Nshimirimana, homme fort de l'appareil sécuritaire, est tué à Bujumbura.

Pierre-Claver Mbonimpa, défenseur des droits de l’homme de premier rang au Burundi aux studios de VOA Afrique, Washington, 24 octobre 2017. (VOA/Eddy Isango)
Pierre-Claver Mbonimpa, défenseur des droits de l’homme de premier rang au Burundi aux studios de VOA Afrique, Washington, 24 octobre 2017. (VOA/Eddy Isango)

Le lendemain, le militant des droits de l'Homme Pierre-Claver Mbonimpa est blessé par balle. Le 15 août, un ex-chef d'état-major, le colonel Jean Bikomagu, figure du camp tutsi pendant la guerre civile, est assassiné.

Le 11 décembre, au moins 87 personnes sont tuées dans des attaques coordonnées de plusieurs camps militaires, selon l'armée. Des habitants de Bujumbura décrivent des exécutions sommaires en représailles.

En avril 2016, le général tutsi Athanase Kararuza, conseiller sécurité du 1er vice-président, et son épouse sont tués.

'Grand danger de génocide'

Fin juillet, le Conseil de sécurité autorise le déploiement de 228 policiers de l'ONU, résolution rejetée début août par Bujumbura.

Le président Pierre Nkurunziza, à gauche, et l'ex-secrétaire général de l'ONU lors d'un point de presse à Bujumbura, 22 février 2016.
Le président Pierre Nkurunziza, à gauche, et l'ex-secrétaire général de l'ONU lors d'un point de presse à Bujumbura, 22 février 2016.

En septembre, une mission d'enquête de l'ONU accuse le gouvernement burundais de graves violations des droits, mettant en garde contre de possibles "crimes contre l'humanité" et un "grand danger de génocide".

Le 27 octobre 2016, le Burundi notifie sa décision de quitter la Cour pénale internationale (CPI), qui avait lancé en avril une enquête préliminaire sur des accusations de meurtres, tortures et autres exactions. Ce départ devient effectif un an plus tard.

Appels au viol d'opposantes -

Le 30 décembre, M. Nkurunziza annonce qu'il pourrait se présenter à la présidentielle de 2020 si le "peuple le demande".

Des membres de la milice pro-gouvernementale Imbonerakure poursuivent des manifestants, sans entrave par la police, dans le district de Kinama de la capitale Bujumbura, Burundi, 25 mai 2015.
Des membres de la milice pro-gouvernementale Imbonerakure poursuivent des manifestants, sans entrave par la police, dans le district de Kinama de la capitale Bujumbura, Burundi, 25 mai 2015.

En janvier 2017, Human Rights Watch accuse des membres des Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir, d'avoir tué, torturé ou tabassé des dizaines de personnes.

En avril, le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme dénonce les appels au viol d'opposantes par les Imbonerakure.

Vers une enquête

Le 4 septembre, l'ONU demande l'ouverture d'une enquête de la CPI sur des crimes contre l'humanité au Burundi.

Le 29, les Nations unies décident de prolonger d'un an le mandat d'une commission d'enquête, malgré le refus de Bujumbura.

Le 26 octobre, le gouvernement adopte un projet de révision de la Constitution qui pourrait permettre au président de briguer deux nouveaux mandats de sept ans et d'affermir encore son emprise sur le pays.

Avec AFP

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