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Paris accuse Téhéran d'avoir fomenté un attentat en France


Emmanuel Macron, à droite, et Hassan Rohani, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, New York, le 25 septembre 2018.
Emmanuel Macron, à droite, et Hassan Rohani, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, New York, le 25 septembre 2018.

Les autorités françaises ont accusé le ministère iranien du Renseignement d'avoir fomenté un projet d'attentat fin juin près de Paris, ce que Téhéran dément, et elles ont lancé une offensive contre des intérêts iraniens ou chiites en France.

"Une enquête longue, précise, détaillée de nos services (...) permet d'arriver à la conclusion sans aucune ambiguïté de la responsabilité du ministère du Renseignement dans ce projet d'attentat" déjoué contre un rassemblement des Moudjahidine du peuple, un mouvement d'opposition iranien, a déclaré sous couvert d'anonymat une source diplomatique française.

Quelques heures plus tôt, le gouvernement avait annoncé le gel des avoirs en France de la Direction de la Sécurité intérieure du ministère iranien du Renseignement ainsi que de deux citoyens iraniens, soupçonnés d'être derrière le projet d'attentat à l'explosif à Villepinte, près de Paris. Trois personnes, dont un diplomate iranien, avaient été arrêtées cet été dans le cadre de l'enquête.

Les deux hommes ciblés par les gels sont Assadollah Assadi, le diplomate qui avait été arrêté, et Saeid Hashemi Moghadam, désigné par la source diplomatique comme vice-ministre chargé des opérations dans l'organigramme du ministère du Renseignement.

Arrêté en Allemagne, M. Assadi était en poste à Vienne. Berlin a autorisé lundi sa remise à la justice belge, qui avait dévoilé le projet d'attentat le 2 juillet. Il est "identifié avec certitude comme un agent du renseignement", selon la source diplomatique française.

"Une fois encore, nous démentons avec véhémence ces accusations, nous condamnons l'arrestation de ce diplomate et nous appelons à sa libération immédiate", a réagi un porte-parole des Affaires étrangères iranien, Bahram Ghassemi.

"S'il y a un malentendu [...] à propos d'une chose qui n'existe pas, qu'il s'agisse d'une conspiration ourdie par d'autres ou d'une erreur, nous pouvons nous asseoir et en parler", a-t-il déclaré plus tard à l'AFP.

- "Approche exigeante" -

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déclaré que "l'attentat déjoué à Villepinte confirme la nécessité d'une approche exigeante dans nos relations avec l'Iran", principale puissance chiite dans le monde.

La France souhaite poursuivre avec Téhéran un dialogue "fait à la fois de pression et de négociation" afin de consolider l'accord sur le nucléaire iranien en le complétant par des accords sur l'activité balistique de Téhéran et son influence régionale, a souligné la source diplomatique.

"Nous appelons les autorités françaises à faire preuve de réalisme vis-à-vis de l'Iran et nous mettons une fois encore en garde contre les mains des ennemis qui cherchent à saboter les relations de longue date entre l'Iran et la France et d'autres pays européens importants", a lancé le porte-parole iranien.

La Maison Blanche a salué mardi la réaction des autorités françaises après leur mise en cause du gouvernement iranien.

"La France prend des décisions fortes après l'attentat terroriste iranien déjoué à Paris", a déclaré dans un tweet le Conseil de sécurité nationale (NSC) de la présidence américaine. "Téhéran doit savoir que ce comportement scandaleux ne sera pas toléré".

Cette affaire de Villepinte pèse sur les relations entre la France et l'Iran, qui n'ont actuellement plus d'ambassadeur en poste l'un chez l'autre. Le dossier a été abordé par les présidents français Emmanuel Macron et iranien Hassan Rohani lors de leur rencontre à New York à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies.

Une opération de police a également visé la principale association chiite d'Europe dans le nord de la France, mais les autorités ne font pas de lien avec le projet d'attentat.

"Ce n'est pas lié (...) mais fait partie de la même préoccupation de ne tolérer aucune forme d'acte terroriste, d'intention terroriste, d'incitation au terrorisme" a déclaré la source diplomatique française.

- Association chiite -

Le siège de l'association chiite "Centre Zahra France" et les domiciles de ses principaux dirigeants à Grande-Synthe ont fait l'objet de perquisitions administratives, mobilisant 200 policiers.

Deux des trois personnes placées en garde à vue ont été relâchées tandis que le trésorier de l'association, né en 1971 sur le territoire français, de nationalité française, sera jugé mercredi pour détention illégale d'armes.

Ce centre, où l'on pénètre en foulant un paillasson recouvert du drapeau d'Israël, héberge plusieurs associations parmi lesquelles le Parti antisioniste, la Fédération chiite de France ou France Marianne Télé.

Elles sont soupçonnées par les autorités françaises de légitimer le djihad et de faire l'apologie de mouvements qualifiées de terroristes par les autorités françaises, comme le Hamas palestinien ou le Hezbollah libanais, des organisations soutenues par l'Iran, a détaillé une source proche du dossier.

Avec AFP

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