Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

La vie reprend après la fin du sit-in au Pakistan


Un supporteur du Tehreek-e-Labaik Pakistan, un parti politique islamiste, tient une pancarte, qui dit en ourdou, "enlever Zahid Hamid" lors d'un sit-in de protestation le long d'une route principale à Karachi, le 27 novembre 2017.
Un supporteur du Tehreek-e-Labaik Pakistan, un parti politique islamiste, tient une pancarte, qui dit en ourdou, "enlever Zahid Hamid" lors d'un sit-in de protestation le long d'une route principale à Karachi, le 27 novembre 2017.

La vie reprenait son cours mardi à Islamabad, sans manifestations ni perturbations, après la fin du sit-in qui a entravé trois semaines durant l'accès à la capitale, mais la presse pakistanaise avait la dent dure contre la "capitulation" du gouvernement face aux "fanatiques".

Depuis le 6 novembre, quelque 2.000 membres du Tehreek-i-Labaik Ya Rasool Allah Pakistan (TLYRAP), un obscur groupe islamiste, bloquaient la principale autoroute d'accès à Islamabad, au détriment de dizaines de milliers de voyageurs contraints de passer des heures dans les transports.

Mais l'échangeur de Faizabad, transformé en campement 21 jours durant, était retourné à son état normal mardi. "Tout est dégagé. On avance. Ca fait du bien de reprendre la route", remarquait Nauman Naseer sur un groupe Facebook dédié au trafic. La satisfaction des automobilistes était réelle, dans une ville où les transports en commun sont réduits.

L'humeur était toutefois bien moins légère dans la presse pakistanaise, la fin du sit-in ayant eu pour contrepartie la démission du ministre de la Justice Zahid Hamid, qu'exigeaient les islamistes.

A l'origine de leur courroux, un amendement modifiant à la marge la formulation du serment prononcé par les candidats à des élections, qu'ils voyaient comme une remise en cause de la très controversée loi sur le blasphème.

"L'Etat capitule face aux fanatiques", titrait mardi matin le journal Pakistan Today, un avis partagé par une grande majorité des médias du pays.

"L'abdication est si abjecte que l'esprit est sonné et le coeur déborde", écrivait Dawn, le principal quotidien en langue anglaise du pays. "Quelque chose de profond a changé dans le pays hier, dont les répercussions seront ressenties pendant longtemps", poursuivait l'éditorial, intitulé "capitulation".

Le Daily Jang, principal quotidien en langue urdu, se félicitait à l'inverse du dénouement de cette crise, louant le rôle de l'armée, dont la médiation avait selon lui permis la résolution du conflit.

Lundi, la Haute cour d'Islamabad a fait part de "sérieuses réserves" sur l'accord de fin de crise, s'interrogeant notamment sur le rôle des généraux l'ayant signé, selon lui "au-delà du mandat" que confère la Constitution pakistanaise à l'armée.

Une vidéo montrant un paramilitaire pakistanais apparemment en train de distribuer des enveloppes d'argent aux manifestants faisait le tour des réseaux sociaux, s'attirant des commentaires cinglants.

Le Premier ministre Shahid Khaqan Abbasi est rentré au Pakistan mardi, selon le ministère de l'Information, après s'être rendu lundi en Arabie saoudite, juste après la signature de l'accord. Le voyage était prévu de longue date.

Les analystes contactés par l'AFP estiment que l'acceptation des demandes des islamistes par le gouvernement crée un dangereux précédent, des groupes religieux pouvant désormais brandir la loi sur le blasphème pour faire plier l'exécutif.

Mardi, quelque 300 manifestants, qui avaient décidé de leur propre sit-in à Lahore en réponse à la violence de ce week-end, refusaient ainsi de se disperser, indiquant qu'ils ne faisaient pas partie du TLYRAP et n'étaient de ce fait soumis à aucun aucun accord.

"Le ministre de la Justice du Pendjab doit démissionner", a affirmé lors d'une conférence de presse leur leader Ashraf Jalali, pour qui la démission du ministre fédéral Zahid Hamid n'est pas suffisante.

Ses ouailles continueront leur sit-in dans l'avenue du Mall, la principale de Lahore, deuxième ville du pays, jusqu'à ce que leurs exigences soient satisfaites, a-t-il averti.

Avec AFP

XS
SM
MD
LG