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Ouverture du procès de l'attentat du Nouvel An à Istanbul


Un policier turque monte la garde devant la route menant au consulat des Etats-Unis après l'attaque de Turquie, 10 mai 2015
Un policier turque monte la garde devant la route menant au consulat des Etats-Unis après l'attaque de Turquie, 10 mai 2015

Un tribunal turc a commencé à juger lundi l'auteur de l'attentat contre une discothèque d'Istanbul commis dans la nuit du Nouvel An 2017 qui a fait 39 morts, pour la plupart des touristes étrangers.

Abdulkadir Masharipov, un Ouzbek qui a avoué avoir commis cette attaque revendiquée par le groupe Etat islamique (EI), comparaît avec 56 complices présumés lors du procès qui s'est ouvert à Silivri, à la lisière d'Istanbul.

Entouré de gendarmes, il a refusé de répondre aux questions du juge, invoquant son droit au silence, selon une correspondante de l'AFP sur place.

Le procureur d'Istanbul a requis 40 fois la prison à vie contre Masharipov, âgé de 34 ans au moment de l'attaque. Il est accusé notamment d'"homicides volontaires" et de "tentative de renversement de l'ordre constitutionnel".

L'une de ses épouses, Zarina Nurullayeva, figure parmi les 56 autres personnes nommées dans l'acte d'accusation. La plupart sont en détention préventive.

Parmi les prévenus figurent également, selon la presse, une épouse franco-sénégalaise de Masharipov, Tene Traore, et un franco-turc considéré comme l'un des cerveaux de l'attaque, Abdurrauf Sert.

Le procès s'est ouvert près d'un an après cette attaque qui a ébranlé un pays qui espérait tourner la page d'une année 2016 traumatisante, marquée par une vague sans précédent d'attentats et une tentative de putsch.

Pour nombre d'observateurs, la capture de Masharipov a permis aux autorités de remonter la piste et de démanteler plusieurs cellules de l'EI. La Turquie n'a été frappée par aucun attentat majeur depuis l'attaque contre la discothèque.

Il s'agit du premier attentat revendiqué de façon directe par l'EI, même si Ankara lui a imputé d'autres attaques, notamment celle contre l'aéroport Atatürk d'Istanbul en juin 2016 (46 morts).

"À ce jour, l'ensemble des investigations menées par les juges turcs nous ont permis de connaître, en tout cas de lever le voile, sur certaines zones d'ombre mais pas toutes", a déclaré à l'AFP Me Samia Maktouf, qui représente les familles de la Française Senda Naka et de son mari tunisien Mohamad Ali qui ont péri dans l'attentat, laissant derrière eux une fille âgée alors de six mois.

"Nos attentes sont énormes de la justice turque", a-t-elle ajouté, confirmant que deux Français figuraient parmi les accusés.

"Les attentes des parents, des familles, des frères et sœurs, c'est très justement de connaître l'ensemble des circonstances, connaître les réseaux tentaculaires (impliqués dans l'attentat) aussi bien ici en Turquie, en France, ou ailleurs dans le monde", a-t-elle poursuivi.

Peu après 01H15, dans la nuit du Nouvel An, un homme armé d'un fusil d'assaut faisait irruption devant la plus célèbre discothèque d'Istanbul, le Reina, abattant deux personnes à l'entrée avant de pénétrer à l'intérieur et d'y semer la mort.

L'assaillant a utilisé des chargeurs doubles pour optimiser le temps de rechargement, des grenades aveuglantes pour désorienter ses cibles et visé le haut du corps pour augmenter le taux de mortalité des tirs.

Ses tirs ont fait 39 tués et 79 blessés. La plupart des victimes sont des étrangers qui fêtaient le Nouvel An dans cette boîte de nuit huppée, fréquentée par les touristes et les célébrités.

Entre 700 et 800 personnes se trouvaient dans l'établissement et des dizaines d'entre elles ont plongé dans les eaux glacées du Bosphore pour échapper aux balles de l'assaillant qui avait réussi à prendre la fuite en profitant du chaos.

Le gouvernement avait lancé plus de 2.000 policiers sur ses traces. Masharipov sera arrêté dans la banlieue d'Istanbul 15 jours plus tard, avant d'avouer, selon les autorités.

D'après l'acte d'accusation, Masharipov a indiqué avoir reçu l'ordre de commettre l'attentat d'un haut membre de l'EI de nationalité russe basé en Syrie, Islam Atabaiev, aussi connu sous son nom de guerre "Abou Jihad".

La cible initiale était la place Taksim, l'un des lieux les plus emblématiques et fréquentés d'Istanbul, mais le jihadiste aurait renoncé en raison du dispositif de sécurité important.

Vingt-sept des personnes tuées étaient des étrangers originaires, pour beaucoup, de pays arabes à majorité musulmane.

La discothèque Reina a été démolie en mai sur ordre de la municipalité d'Istanbul pour infraction aux règles d'urbanisme, sans jamais avoir rouvert ses portes après l'attaque.

Avec AFP

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