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Nouveau renvoi des migrants depuis la Grèce en Turquie


Un bateau quitte le port de Mytilène sur l'île grecque de Lesbos et transporte des migrants en Turquie, le 8 Avril 2016. (REUTERS/Giorgos Moutafis)
Un bateau quitte le port de Mytilène sur l'île grecque de Lesbos et transporte des migrants en Turquie, le 8 Avril 2016. (REUTERS/Giorgos Moutafis)

Athènes a procédé à un nouveau renvoi de 124 migrants vers la Turquie, dont nombre de Pakistanais, en application de l'accord contesté entre l'UE et la Turquie alors que l'afflux de demandeurs d'asile commence à se tarir en Allemagne.

Il s'agit de la deuxième opération de renvoi de migrants depuis lundi, quand, sous vaste couverture médiatique, 202 personnes avaient déjà été renvoyées depuis les îles de Lesbos et Chios. Là aussi, il s'agissait en majorité de Pakistanais, avec la présence de deux Syriens, dont, selon les autorités grecques, aucun n'avait demandé l'asile.

Vendredi, un premier groupe de 45 Pakistanais est parti vers 05H00 GMT de l'île de Lesbos selon un correspondant de l'AFP, pour traverser le bras de mer égéen en direction du port turc de Dikili, où il est arrivé un peu plus tard.

Un deuxième groupe, de 79 personnes, dont la nationalité n'a pas pour le moment été précisée, a été renvoyé trois heures plus tard. Il était composé de migrants amenées à Lesbos depuis les îles de Kos et Samos, selon une source policière.

Confirmant l'arrivée des 45 premiers migrants, un responsable local de Dikili a déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat qu'ils seraient acheminés après leur enregistrement "probablement à Kirklareli", dans le nord-ouest de la Turquie, où se trouve un camp.

Signé à Bruxelles le 18 mars mais critiqué par l'ONU et des ONG, l'accord UE-Ankara prévoit le retour en Turquie de tout migrant arrivé en Grèce après le 20 mars et n'ayant pas fait de demande d'asile ou dont la demande a été rejetée.

En contrepartie, l'UE s'engage pour chaque Syrien renvoyé, d'en "réinstaller" un autre dans un pays membre dans la limite de 72.000 places.

'Arrêtez les déportations'

Au moment du départ des migrants, des dizaines de protestataires ont manifesté vendredi sur le port de Mytilène, à Lesbos, scandant "Arrêtez les déportations", "Honte à vous, l'UE", "Liberté aux réfugiés".

Trois militants des droits de l'Homme ont été arrêtés puis relâchés après avoir tenté d'empêcher le départ en s'accrochant à l'ancre du bateau.

L'accord UE-Turquie, qui fait suite à des verrouillages des frontières par certains pays européens en novembre avant la fermeture de la route des Balkans début mars, vise à endiguer le flux migratoire vers l'Europe, le plus important depuis la Seconde guerre mondiale.

L'année dernière, plus d'un million de personnes, en majorité des Syriens, sont entrées en Europe via surtout les îles grecques, situées en face des côtes turques.

Berlin s'est félicité vendredi du résultat de cet accord, en annonçant une baisse de deux tiers des arrivées en Allemagne de nouveaux demandeurs d'asile avec environ 20.000 personnes enregistrées au mois de mars, contre quelque 60.000 le mois précédent

"En décembre, on avait 120.000 personnes, en janvier 90.000, en février 60.0000 et maintenant en mars 20.000", a annoncé le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière.

L'application de l'accord UE-Turquie "a bien commencé", s'est-il félicité. Il a toutefois admis qu'"il ignorait si des routes alternatives, notamment entre l'Italie vers la Libye, vont s'ouvrir ni comment l'Italie va réagir".

La chancelière allemande Angela Merkel s'est elle déclarée jeudi "très heureuse, de l'application de l'accord", dont elle a été le principal artisan, tout en soulignant que "nous ne sommes pas encore venus à bout de toutes les tâches qui nous incombent".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a cependant jeté un froid, en prévenant jeudi que la Turquie ne remplirait pas sa part du marché si l'UE ne respectait pas elle-même ses promesses, évoquant notamment l'exemption des visas dès juin pour les citoyens turcs voulant se rendre en Europe.

La Grèce pour sa part, à qui incombe la tâche d'appliquer cet accord alors qu'elle lutte toujours contre la crise de la dette depuis six ans, doit en outre gérer quelque 50.000 migrants qui stagnent sur son territoire depuis la fermeture des frontières par ses voisins du nord.

Le gouvernement a mis les bouchées doubles pour mettre en place un dispositif d'urgence avec l'aide d'experts européens, pour gérer les milliers de demandes d'asile déposées par des migrants qui veulent éviter leur renvoi en Turquie.

Avec AFP

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