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Au moins 30 morts dans un double attentat de Boko Haram au Nigeria


Réfugiés à Madagali au Nigeria le 3 juin 2014.
Réfugiés à Madagali au Nigeria le 3 juin 2014.

Au moins trente personnes ont été tuées dans un double attentat suicide perpétré par deux femmes dans un marché dans le nord-est du Nigeria vendredi, alors que le président Muhammadu Buhari avait annoncé cette semaine en avoir bientôt fini avec le groupe islamiste Boko Haram.

"Au moins trente personnes ont été tuées dans des explosions perpétrées par deux femmes kamikazes dans un marché" très fréquenté de Madagali (Etat d'Adamawa), a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'armée, Badare Akintoye.

"Les deux kamikazes se faisant passer pour des clientes ont déclenché leurs ceintures explosives", a déclaré le représentant de la municipalité de Madagali, Yusuf Muhammad. Il a également fait état d'un nombre élevé de blessés.

Ce double attentat n'a pas été revendiqué dans l'immédiat mais le procédé utilisé est celui du groupe jihadiste nigérian Boko Haram, qui a souvent eu recours à des femmes et jeunes filles pour perpétrer des attaques contre la population.

Dans un rapport publié début décembre, le centre d'analyses International Crisis Group avait alerté le gouvernement nigérian sur le rôle actif des femmes dans ce conflit. "Les femmes ne sont pas seulement victimes mais aussi actrices dans cette guerre", pouvait-on lire dans le rapport intitulé "Nigeria : les femmes et l'insurrection de Boko Haram".

Après sept ans de guerre, "les hommes ont été tués de manière disproportionnée", souligne le rapport, et les femmes, kidnappées ou qui ont choisi de rejoindre le groupe jihadiste par conviction, sont régulièrement utilisées comme bombes humaines depuis près de deux ans par la faction du groupe dirigé par Abubakar Shekau.

L'organisation Etat islamique (EI), à qui Boko Haram avait prêté allégeance en mars 2015, a désigné début août un nouveau chef pour représenter le califat en Afrique de l'Ouest, en la personne d'Abu Mosab Al Barnaoui.

Fils du fondateur de la secte salafiste extrémiste, Al Barnaoui s'est retranché avec ses alliés à la frontière du Niger, d'où ils continuent à mener des raids contre l'armée nigériane et les forces de sécurité. Il reproche notamment à Shekau ses "dérives autoritaires" et de perpétrer des tueries sanglantes contre les civils musulmans.

Le président Buhari a condamné le double attentat vendredi dans un communiqué et s'est s'engagé à mettre "fin à ces pertes insensées de vies innocentes".

"Cette dernière attaque est à l'évidence un acte de désespoir, mais les militaires nigérians ne seront ni détournés (de leurs objectifs) ni amadoués", a-t-il dit en demandant aux Nigérians d'être plus vigilant et d'informer de toute activité suspecte aux autorités.

- Coup dur -

L'attentat particulièrement meurtrier perpétré vendredi est un nouveau coup dur pour le président Buhari, qui avait affirmé cette semaine que la "situation (était) sous contrôle".

"(L'armée) est désormais entrée dans la forêt de Sambisa et en ce qui concerne la présence de Boko Haram dans la région du Lac Tchad, je pense qu'ils sont finis", avait-il déclaré avec fierté.

Mais le nord-est connaît une recrudescence des attaques ces dernières semaines. Elles sont chaque année plus nombreuses à la fin de la saison des pluies mais cette année elles paraissent particulièrement inquiétantes.

"Le rythme et l'effectivité de l'approvisionnement en armes et en matériel logistique s'améliore grandement depuis plusieurs semaines", analyse Yan St-Pierre, directeur du Modern Security Consulting Group.

Pour le consultant antiterroriste, cela s'explique notamment par la pression sur l'Etat islamique dans le nord de la Libye, dans la région de Syrte, qui force "un regroupement des ressources du groupe dans le Sud" jusqu'à la bande sahélienne, avec une multiplication des convois et des bases dans la région.

Boko Haram, secte salafiste extrémiste transformée en mouvement jihadiste à la mort de son fondateur Mohammed Yusuf, a fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés dans le nord-est du Nigeria depuis 2009.

L'année dernière, le gouvernement nigérian avait déjà annoncé que la secte jihadiste était "techniquement vaincue".

"L'armée nigériane, qui adopte une stratégie entièrement militaire depuis sept ans, doit changer son approche si elle veut remporter cette guerre", a conclu M. St-Pierre.

Avec AFP

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