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Netanyahu consolide au Rwanda des liens nés dans le génocide


Benjamin Netanyahu est arrivé au Rwanda le 6 juillet 2016.
Benjamin Netanyahu est arrivé au Rwanda le 6 juillet 2016.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est arrivé au Rwanda, étape très symbolique d'une tournée africaine "historique".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a insisté mercredi au Rwanda, étape très symbolique d'une tournée visant à affirmer la présence d'Israël en Afrique, sur le "lien unique" unissant ces deux pays à l'histoire marquée par un génocide.

"Mon peuple connaît également la douleur d'un génocide. C'est un lien unique, et ce, même si c'est un lien qu'aucun de nos peuples ne souhaite avoir", a déclaré le Premier ministre israélien lors d'une conférence de presse à Kigali, au terme d'un entretien de près de deux heures avec le président rwandais Paul Kagame.

"Pourtant, nous avons tous deux persévéré malgré la peine et l'horreur auxquelles nous avons survécu", a-t-il ajouté. "Nous n'avons jamais perdu espoir et vous n'avez jamais perdu espoir, et maintenant, Israël et le Rwanda sont des Etats qui ont réussi et qui sont des modèles de progrès".

Peu après son arrivée, Benjamin Netanyahu s'était recueilli au mémorial du génocide de Gisozi à Kigali, où reposent dans des sépultures communes quelque 250.000 des 800.000 victimes (selon l'ONU) du génocide rwandais commis d'avril à juillet 1994, essentiellement parmi la minorité Tutsi.

"Au vu de l'histoire tragique de l'Etat d'Israël et du Rwanda, nous avons été modelés à voir et faire les choses d'une certaine façon, en nous basant sur la principale ressource à notre disposition : notre peuple", a pour sa part assuré Paul Kagame.

Outre l'évocation des similitudes de l'histoire de leur pays respectif, les deux hommes ont annoncé la signature d'accords dans l'innovation et le tourisme, notamment.

M. Netanyahu, accompagné d'environ 80 hommes d'affaires, s'était rendu en Ouganda lundi, au Kenya mardi, et ira en Ethiopie jeudi. Cette tournée, la première d'un Premier ministre israélien en Afrique subsaharienne depuis des décennies, vise à renforcer les relations économiques et diplomatiques israélo-africaines.

Israël cherche à s'assurer le soutien des pays africains dans les institutions internationales, où l'Etat hébreu fait l'objet de vives critiques liées à l'occupation des Territoires palestiniens ou à ses activités nucléaires.

'raisons historiques évidentes'

Cette tournée africaine est pour M. Netanyahu l'occasion de saluer un pays qui s'était rapproché du sien au lendemain du génocide rwandais. Kigali "s'est senti une réelle affinité avec Israël pour des raisons historiques évidentes", a expliqué à l'AFP Phil Clark, spécialiste du Rwanda à l'université londonienne SOAS.

"C'est un pays qui a connu également un génocide, un petit pays entouré de voisins hostiles, un pays avec très peu de ressources mais qui s'est relevé de son génocide très rapidement et d'une manière très impressionnante", a-t-il poursuivi. "Il était évident pour le Rwanda de se tourner vers Israël pour s'en inspirer".

La visite de M. Netanyahu va "consolider d'autant plus les liens entre les deux pays", estime-t-il.

Mais ces liens ne s'arrêtent pas aux génocides et se sont intensifiés ces dernières années, notamment depuis la visite à Jérusalem de M. Kagame, en 2013. Les deux pays ont d'ailleurs signé un accord de coopération en 2014 et en 2015, et le Rwanda a ouvert une ambassade à Tel-Aviv.

D'un point de vue plus pragmatique, Israël est vu par le Rwanda comme un partenaire alternatif de choix, dans un contexte de relations de plus en plus tendues avec ses alliés traditionnels, comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni.

Si le Rwanda est en faveur d'une solution à deux Etats dans le conflit israélo-palestinien, il s'était abstenu en 2014, lorsqu'il était membre non-permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, de voter une résolution - finalement rejetée - prônant la fin de l'occupation des Territoires palestiniens.

Israël a longtemps été boudé sur le continent africain. Dans les années 1960, de nombreux pays africains avaient en effet pris leurs distances avec Israël en raison des guerres de l'Etat hébreu avec ses voisins entre 1967 et 1973 et des liens unissant Tel-Aviv au régime d'apartheid en Afrique du Sud.

Avec AFP

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