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Médecins sans frontières dénonce un "désastre humanitaire" dans le Borno au Nigeria


Lami John a quitté Gwoza, dans l'Etat de Borno, après une attaque de Boko Haram sur son village. Elle a été kidnappée pendant 15 jours et des militants du groupe terroriste lui ont tiré dans la jambe. 7 mars 2016, Abuja. (VOA/Nicolas Pinault)
Lami John a quitté Gwoza, dans l'Etat de Borno, après une attaque de Boko Haram sur son village. Elle a été kidnappée pendant 15 jours et des militants du groupe terroriste lui ont tiré dans la jambe. 7 mars 2016, Abuja. (VOA/Nicolas Pinault)

De retour de l'extrême nord-est du Nigeria, une équipe de Médecins sans frontières (MSF) a appelé mercredi à une "mobilisation massive des acteurs de l'aide" pour faire face à un "désastre humanitaire" dans l'Etat de Borno, zone très touchée par les violences du groupe jihadiste Boko Haram.

Lors d'un point de presse à Paris, la directrice des opérations à MSF, Isabelle Defourny, a expliqué avoir découvert "l'ampleur du désastre" lors d'une seconde mission de répérage pour l'ONG dans la localité de Bama, à 70 km de la capitale de l'Etat de Borno, Maiduguri.

Cette zone, qui était dans le passé à 45 minutes de voiture de Maiduguri, est désormais "coupée du monde depuis presque deux ans" et fait face à une "situation d'urgence rarement rencontrée par MSF", a souligné le docteur Defourny.

Une équipe médicale de MSF y a été envoyée mardi pour une mission d'une dizaine de jours, a précisé l'ONG internationale.

Environ 10.000 personnes déplacées par le conflit de Boko Haram sont aujourd'hui regroupées dans l'ancien hôpital de la ville, converti en camp protégé par l'armée nigériane. Faute d'acheminement régulier de nourriture, des milliers de ces déplacés souffrent de malnutrition "sévère et aigüe", a ajouté Jean-Hervé Bradol, ex-président de MSF et actuellement coordinateur d'urgences au sein de l'ONG, qui faisait partie de cette seconde mission de repérage.

Fin juin, MSF avait réalisé une première mission à Bama, localité accessible uniquement sous escorte de l'armée. Sur les 804 enfants que les humanitaires avaient pu dépister, "environ 19% étaient atteints de malnutrition aigüe sévère", alors que le seuil d'urgence se situe à 5%.

Entre le 23 mai et le 20 juin, près de 200 personnes sont mortes dans ce camp de Bama, avait prévenu MSF.

Depuis des mois, plusieurs organisations humanitaires ont tiré la sonnette d'alarme sur les très graves pénuries alimentaires frappant le nord-est du Nigeria, épicentre des violences de Boko Haram.

Mardi, l'Unicef a ainsi prévenu que deux millions de personnes menacées par ces pénuries restaient coupées de toute assistance.

Bien que le président nigérian Muhammadu Buhari ait affirmé que "Boko Haram est techniquement défait", et que le groupe islamiste ait perdu une large partie de son territoire, la situation reste extrêmement instable dans le nord-est.

Depuis 2009, cette insurrection a fait au moins 20.000 morts et plus de 2,6 millions de déplacés, qui ne peuvent toujours pas rentrer chez eux.

Avec AFP

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