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L'évasion d'un Français vire à la controverse à Madagascar


Une vue de Madagascar, 8 avril 2016.
Une vue de Madagascar, 8 avril 2016.

Un Français qui s'est récemment évadé d'une prison de Madagascar a provoqué une vive polémique dans le pays en accusant la ministre de la Justice malgache d'avoir facilité sa fuite vers la France en échange de pots-de-vin.

De nationalité française, Houcine Arfa, 54 ans, était détenu depuis juin dans la prison de Tsiafahy à Antananarivo.

Conseiller en sécurité du président malgache Hery Rajaonarimampianina depuis 2015, il a été condamné en novembre 2017 à trois ans d'emprisonnement, notamment pour usurpation de fonction et extorsion de fonds.

Le 28 décembre dernier, M. Arfa a profité d'une visite à l'hôpital pour s'évader. Il a ensuite pu quitter Madagascar en pirogue jusqu'à Mayotte, avant de regagner la France.

De retour en France, M. Arfa a affirmé à la presse avoir pu s'évader en versant de l'argent à la ministre de la Justice et à la procureur d'Antananarivo, en échange de l'allègement des conditions de sa détention qui a permis sa fuite.

>> Lire aussi : Un Français s'évade d'une prison malgache et rentre en France

La ministre de la Justice, Elise Alexandrine Rasolo, n'a pas réagi.

Mais mardi dernier, son collègue de la Communication et porte-parole du gouvernement, Harry Laurent Rahajason, a pris sa défense en dénonçant à la radio des accusations "sans fondement ni preuve" et en qualifiant leur auteur de "petit minable".

Jeudi, la procureur de la capitale, Odette Balsam Razafinoelisoa, s'est à son tour défendue.

La magistrate a d'abord justifié le transfert du détenu "pour des raisons humanitaires". "Il a fait une tentative de suicide à Tsiafahy, il a fait des refus de nourriture (...) donc on l'a transféré dans une autre prison", a-t-elle déclarée devant la presse.

Mme Balsam Razafinoelisoa a nié avoir été corrompue par le détenu. "C'est faux", a-t-elle martelé, "il a dit qu'on a reçu beaucoup d'argent, où est-ce qu'il a pu trouver cet argent ?"

Contacté au téléphone par l'AFP après la conférence de presse, M. Arfa a confirmé ses accusations.

"Je maintiens tout ce que j'ai dit", a-t-il insisté, "vous croyez vraiment que la ministre de la Justice m'a fait libérer par amour ou par compassion ?"

M. Arfa nie catégoriquement les accusations qui lui ont valu sa condamnation, qualifiées de "mascarade".

Il affirme avoir été informé pendant son séjour malgache de crimes et délits impliquant l'entourage présidentiel qui a, selon lui, tenté de le faire taire en le faisant emprisonner.

Le syndicat des magistrats de Madagascar s'est saisi de l'affaire en exigeant cette semaine "l'ouverture d'une enquête approfondie" concernant les accusations du Français.

La procureure d'Antananarivo a indiqué jeudi qu'un mandat d'arrêt international avait été émis contre M. Arfa. "On attend maintenant la réaction de la justice française", a-t-elle lancé.

Avec AFP

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