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L'Eurogroupe et la Grèce se séparent sans accord


Des membres de l'Eurogroupe (AP)
Des membres de l'Eurogroupe (AP)

Les ministres des Finances de la zone euro et la Grèce se sont donnés rendez-vous lundi pour tenter de parvenir à un accord.

ATHENES/BRUXELLES (Reuters) - Les ministres des Finances de la zone euro et la Grèce ont dressé le constat de leur incapacité à s'entendre ne serait-ce que sur une déclaration commune à l'issue d'une réunion exceptionnelle de l'Eurogroupe, mercredi à Bruxelles, et se sont donnés rendez-vous lundi pour tenter de parvenir à un accord.

La réunion, qui a duré sept heures, a fourni à chacun des participants l'occasion de défendre son point de vue, notamment sur la question épineuse de l'extension du plan d'aide internationale à la Grèce, mais elle n'a comme prévu pas permis de rapprocher suffisamment les positions, a admis le président de l'Eurogroupe.

"Nous avons étudié un certain nombre de sujets, dont l'un était l'actuel programme (d'aide internationale)", a déclaré Jeroen Dijsselbloem au cours d'une conférence de presse tenue quelques minutes après minuit, jeudi. "Nous avons parlé de la possibilité d'une extension. Pour certains d'entre nous, il est évident que ce serait la meilleure solution mais nous ne sommes pas encore parvenus à un accord à ce sujet. Il nous faut un peu plus de temps", a-t-il ajouté.

Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a dit de son côté avoir exposé à ses partenaires européens les raisons pour lesquelles le plan d'aide actuel ne fonctionne pas. Il a ajouté ne pas avoir demandé d'extension de celui-ci, conformément à l'engagement pris par le Premier ministre Alexis Tsipras.

Se disant toujours prêt à coopérer avec l'Union européenne (UE), la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI), Yanis Varoufakis a néanmoins émis le souhait qu'un accord puisse être conclu dès lundi, lors de la réunion mensuelle de l'Eurogroupe à Bruxelles. Le ministre luxembourgeois des Finances Pierre Gramegna s'était auparavant montré relativement optimiste. "Nous nous sommes mis d'accord sur une voie à suivre", a-t-il déclaré à la presse, ajoutant qu'il n'y avait pas eu de conflit pendant les discussions.

Avant la réunion, le gouvernement formé par Alexis Tsipras après la victoire du parti de gauche anti-austérité Syriza aux législatives du 25 janvier s'était dit déterminé à tenir ses positions face à l'Allemagne et aux alliés de celle-ci afin d'en finir avec la tutelle de la "troïka" (UE, BCE et FMI) et d'obtenir une renégociation de la dette de son pays.

"Si une dette ne peut plus être remboursée, alors cela conduit à une décote (haircut)", a dit Yanis Varoufakis au magazine allemand Stern, dans une interview parue mercredi. "L'élément essentiel, c'est que la dette de la Grèce ne peut pas être remboursée dans un avenir proche." Mardi, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a jugé que si Athènes refusait de demander une prolongation du plan d'aide en cours, alors "tout sera fini", excluant de facto une réduction de la dette ou une nouvelle forme d'aide. Lui et les autres ministres de la zone euro attendaient de Yanis Varoufakis qu'il leur présente ses propositions concrètes lors de la réunion de l'Eurogroupe, avant le Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement ce jeudi.

Mais aucun des participants n'imaginait que les discussions aboutiraient en quelques heures à un compromis. "Nous allons écouter les projets du nouveau gouvernement grec et voir sur quelle base nous pouvons continuer notre soutien à la Grèce", avait dit le président Jeroen Dijsselbloem à son arrivée à Bruxelles.

Avant de s'enfermer avec ses homologues européens, Yanis Varoufakis a rencontré la présidente du FMI, Christine Lagarde, qui s'était déplacée à Bruxelles, signe de l'importance accordée par l'institution monétaire à la crise grecque. A Athènes, un haut fonctionnaire grec a fait savoir que Varoufakis et Lagarde avaient discuté, avec Dijsselbloem, de ce que pourrait être un "accord relais" destiné à financer la Grèce après la fin du plan de sauvetage le 28 février.

Varoufakis a évoqué la possibilité d'une période de transition de six mois prévoyant un relèvement du plafond d'émissions de bons du Trésor imposé à son pays, le paiement des profits réalisés par la BCE et les banques centrales nationales sur leurs avoirs en dette grecque et le déblocage des ressources non utilisées du fonds de sauvetage du secteur bancaire grec

. Cette période serait consacrée à une renégociation globale de la dette publique, qui dépasse 320 milliards d'euros, soit 175% du produit intérieur brut (PIB), ce qui pourrait conduire à un échange des titres existants contre des obligations indexées sur le PIB ou des emprunts perpétuels, c'est à dire sans échéance fixée.

Du côté de la troïka, on assure qu'Athènes ne peut espérer au mieux qu'un rééchelonnement de la dette existante, une diminution des taux d'intérêt et un moratoire sur le service de la dette, en échange d'engagements fermes sur des réformes et de l'acceptation d'une supervision extérieure.

En théorie, un échec des discussions est susceptible de conduire en quelques semaines la Grèce à un défaut et à une sortie forcée de la zone euro, un "Grexit" dont les retombées pourraient être très lourdes pour l'ensemble de la zone euro. Mais la plupart des observateurs croient encore à un compromis d'ici la fin du mois, malgré les postures des principaux protagonistes.

"Une fois de plus, le nouveau gouvernement grec d'un côté et la 'troïka' de l'autre jouent à celui qui cédera le premier à la peur", explique Robert Bergqvist, chef économiste de la banque suédoise SEB. "Notre scénario favori implique un compromis qui apaisera les craintes actuelles des marchés financiers." Selon une enquête Reuters réalisée cette semaine auprès d'un panel d'économistes, la probabilité de voir la Grèce sortir de l'union monétaire en 2015 est estimée à 25%.


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