Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Washington suspend "indéfiniment" les principales manoeuvres militaires en Corée du Sud


L'armée américaine lors de manoeuvres militaires en Corée du Sud, le 15 mars 2010.
L'armée américaine lors de manoeuvres militaires en Corée du Sud, le 15 mars 2010.

Washington a annoncé jeudi que ses principales manoeuvres militaires conjointes avec la Corée du Sud étaient désormais "suspendues indéfiniment", même si les sanctions imposées à la Corée du Nord pour convaincre Pyongyang de renoncer définitivement à son arsenal nucléaire sont maintenues.

Deux jours après l'annonce surprise du président américain Donald Trump d'arrêter les exercices militaires "provocateurs" après sa rencontre historique avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, un haut responsable américain a indiqué à l'AFP que "les principales manoeuvres sont suspendues indéfiniment sur la Péninsule coréenne".

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a rencontré à Séoul ses alliés sud-coréen et japonais avant d'être reçu à Pékin par le président chinois Xi Jinping, qui a salué "un sommet réussi".

>> Lire aussi : Sommet Trump-Kim: le Pentagone pris au dépourvu sur les manoeuvres

A Séoul, le chef de la diplomatie américaine a réaffirmé que l'objectif de Washington restait la "dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la Corée du Nord".

Le texte signé mardi à Singapour par les deux dirigeants a fait l'objet de critiques de nombreux experts, car l'héritier de la dynastie des Kim ne s'y engage qu'à une "dénucléarisation complète de la péninsule coréenne".

Cette formule vague, sujette à différentes interprétations, reprend une promesse déjà faite et jamais tenue.

"Nous pensons que Kim Jong Un a compris l'urgence du calendrier pour mener à bien cette dénucléarisation" et "que nous devons le faire rapidement", a-t-il expliqué. Les Etats-Unis ont selon lui "bon espoir" que "l'essentiel du désarmement" nord-coréen puisse intervenir "dans les deux ans et demi à venir", soit d'ici la fin du mandat du président républicain.

>> Lire aussi : Sommet Kim-Trump: le patron de l'ONU salue une "étape importante"

"Par le passé, la pression économique et financière a été relâchée avant toute dénucléarisation complète. Cela ne se passera pas comme ça cette fois, le président Trump l'a dit clairement lors de sa rencontre avec Kim Jong Un", a expliqué M. Pompeo. "La levée des sanctions ne peut pas avoir lieu tant qu'on n'aura pas la preuve que la Corée du Nord a été totalement dénucléarisée", a-t-il assuré.

Alors que Russes et Chinois ont suggéré que les Nations unies envisagent d'alléger les sanctions si Pyongyang se conforme à ses obligations, M. Pompeo a assuré que la Chine, par laquelle transite 90% du commerce nord-coréen, avait "réaffirmé son attachement envers les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU".

" Enfin avancer "

"Nous pensons vraiment que nous pouvons enfin avancer, après tant d'années, sur la voie de la paix dans la péninsule" coréenne, a déclaré M. Pompeo à l'issue d'un entretien à Pékin avec son homologue chinois Wang Yi. "Mais il y a toujours un risque de ne pas y parvenir", a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs confirmé que l'arrêt des exercices militaires conjoints entre Washington et la Corée du Sud était conditionné à la poursuite de négociations "productives" et "de bonne foi" avec les Nord-Coréens pour la mise en oeuvre de l'accord de Singapour.

Le prochain exercice conjoint prévu, nommé Ulchi Freedom Guardian, devait se tenir fin août-début septembre, comme tous les ans.

La Corée du Nord réclame depuis longtemps la fin de ces exercices qu'elle considère comme la répétition de l'invasion générale de son territoire. Pyongyang a souvent réagi en menant ses propres opérations militaires.

Le prochain ambassadeur des Etats-Unis à Séoul, qui commandait jusqu'au mois dernier les forces américaines dans le Pacifique, a approuvé la décision de suspendre ces manoeuvres, estimant que "la situation a radicalement changé" depuis le sommet Trump-Kim.

"Nous devrions faire marquer une pause aux exercices, aux exercices majeurs, pour voir si Kim Jong Un est sérieux sur sa part des négociations", a déclaré l'ex-amiral Harry Harris devant une commission du Congrès.

>> Lire aussi : Derrière l'offensive de charme de Kim, la Corée du Nord, "prison à ciel ouvert"

La ministre sud-coréenne des Affaires étrangères Kang Kyung-wha est restée en retrait sur cette question controversée, apparue comme une grosse concession américaine à Kim Jong Un. Cela devra faire l'objet d'une coordination entre autorités militaires des deux alliés, a-t-elle seulement dit, préférant assurer que "l'alliance entre la Corée du Sud et les Etats-Unis" était "plus forte que jamais".

Tout en saluant chaleureusement le "succès" du sommet, un "tournant" aux yeux de Séoul pour ramener la paix, elle a souligné que les négociations de suivi avec Pyongyang seraient cruciales pour obtenir des "avancées substantielles".

Une idée reprise par le chef de la diplomatie japonaise Taro Kono.

"Nous avons eu une discussion franche sur la manière d'exhorter la Corée du Nord à prendre des mesures concrètes", a-t-il dit, semblant pointer l'absence de détails et de calendrier dans la déclaration de Singapour.

Au sujet des "garanties de sécurité" promises par Donald Trump à Kim Jong Un, le chef de la diplomatie japonaise a expliqué avoir eu l'assurance qu'elles n'avaient "pas encore été octroyées" et que cela n'interviendrait qu'en échange d'avancées vers la dénucléarisation.

Même chose pour la "pause" dans les exercices américano-sud-coréens. "Nous pensons que l'alliance Japon-USA, ainsi que la dissuasion" à laquelle contribuent ces manoeuvres militaires, "jouent un rôle crucial pour la sécurité en Asie du nord-est", a-t-il insisté, laissant percer l'inquiétude déjà exprimée par Tokyo.

Avec AFP

XS
SM
MD
LG