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Les Ougandais s'insurgent contre une taxe sur les réseaux sociaux


Hommes politiques d'opposition, membres du clergé, féministes: une coalition d'Ougandais a appelé mardi, deux jours après son entrée en vigueur, au retrait d'une taxe sur l'utilisation des réseaux sociaux qu'elle dénonce comme une entrave à la liberté d'expression.

Depuis dimanche, les utilisateurs des réseaux sociaux doivent s'acquitter d'une taxe quotidienne de 200 shillings par jour (0,04 euro) pour accéder à WhatsApp, Facebook et Twitter, ainsi que des sites de rencontre comme Tinder ou Grindr.

Le gouvernement affirme vouloir de la sorte lutter contre les conséquences du "bavardage" en ligne et accroître les revenus pour le fonctionnement des services publics.

Mais le tollé a été immédiat, notamment de la part de dizaines de personnes opposées à cette taxe se présentant comme les "jeunes citoyens d'Ouganda". Lors d'une conférence de presse mardi, ils ont menacé de "mobiliser le pays" si la taxe n'est pas levée d'ici à vendredi midi.

Parmi eux, des journalistes, juristes, comédiens, étudiants ou membres du clergé.

"J'étais dans un village dimanche lorsque la taxe est entrée en vigueur, et les gens étaient scandalisés", a assuré à l'AFP Siraje Nsambu, un porte-parole de la secte musulmane Tabligh. "Un garçon pauvre va (désormais) devoir travailler dur pour acheter un téléphone mobile chinois et accéder à l'internet".

Pour la militante et auteure féministe Edna Ninsiima, cette taxe est "insensée". "Elle piétine la liberté d'expression et enfreint nos droits".

Les personnes souhaitant utiliser les réseaux sociaux doivent désormais composer un code spécifique qui soustrait automatiquement la somme due de leur crédit de l'internet mobile. Mais l'application de cette mesure est pour l'heure encore chaotique, certains réseaux sociaux restant parfois accessibles sans paiement.

Certains utilisateurs contournent par ailleurs la taxe en utilisant des VPN (réseau privé virtuel) masquant leur localisation, une astuce apprise début 2016 par les Ougandais lorsque le gouvernement avait tenté d'interdire l'utilisation des réseaux sociaux pendant les élections.

Mardi, le ministre des Finances, David Bahati, a affirmé que cette nouvelle taxe contribuerait au "développement du pays" et ordonné au régulateur des télécommunications d'interdire l'utilisation de VPN en Ouganda, sans toutefois préciser comment il comptait mettre en oeuvre cette interdiction difficilement applicable.

En mars, le chef de l'État Yoweri Museveni, lui-même un utilisateur régulier des réseaux sociaux avec notamment 855.000 abonnés sur Twitter, avait écrit au ministère des Finances pour lui demander d'introduire la nouvelle taxe afin de lutter contre les conséquences du "bavardage" en ligne.

"L'idée de cette taxe est de museler les réseaux sociaux", a estimé le député d'opposition et chanteur Bobi Wine, entré au parlement grâce à une campagne menée notamment sur l'internet. "Nous vivons dans une atmosphère surréaliste, et les gens sont fâchés!"

"Ce n'est plus une question politique, c'est un problème pour la société et les gens veulent des réponses", a ajouté le député.

Dans le monde des affaires également, la colère est de mise, principalement en raison d'une autre taxe de 1%, également imposée depuis dimanche, sur les transactions financières réalisées par téléphone mobile, un mode de paiement et de versement des salaires très populaire en Afrique de l'Est.

Hannington Bugindo, qui loue des machines utilisées dans le secteur de la construction, peste : "Tout mon business est basé sur les paiements mobiles".

Avec AFP

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